Musique en ligne : l’industrie musicale à la recherche d’un modèle économique pour lutter contre le piratage.

Aurélien GEBLEUX

IUP Marketing-Vente, IAE de Lille

Mémoire de Maîtrise, 2003-2004

Sous la direction de Michel CALCIU

 

Résumé : Les nouvelles technologies liées à l’Internet ont provoqué des changements dans les modes de consommation de musique, auxquels l’industrie musicale doit s’adapter. Le MP3 et les réseaux peer-to-peer ont permis la diffusion massive d’œuvres musicales sur le réseau. Malheureusement, la grande majorité de ces œuvres sont diffusées gratuitement et ne respectent pas les droits d’auteur. Le défi pour l’industrie du disque est donc de  convertir ces internautes en clients. Cela nécessite une bonne compréhension de leurs attentes afin de choisir un modèle économique efficace.

Mots-clé : droits d’auteur, industrie musicale, Internet, modèle économique, MP3, musique en ligne, partage de fichiers, piratage.

 

 

Abstract : New Internet technologies have resulted in changes in music consumption behaviors, which the music industry had not expected. MP3 and peer-to-peer networks allowed music works to be highly distributed throughout the Internet. Unfortunately, a great deal of these works were distributed for free infringing copyright laws. The challenge for the music industry is their ability to convert peer-to-peer users into customers. This means a sharp understanding of their needs and expectations, in order to choose an effective business model.

Key words : business model, copyright, digital file sharing, MP3, music industry, online music, piracy.

 

 

 

Dernière modification : 15 juin 2004

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Sommaire

Introduction.. 4

1. Les nouvelles technologies. 5

1.1. Les fichiers audio numériques. 5

1.2. Le peer-to-peer.. 7

1.3. L’accès à Internet. 9

2. Le piratage.. 10

2.1. Définitions. 10

2.2. Impact sur les ventes. 10

2.3. Les motivations. 12

3. Le cadre juridique.. 14

3.1. Code de la Propriété Intellectuelle (CPI) 14

3.2. Droits d’auteur et droits voisins. 15

3.3. Le problème juridique du peer-to-peer.. 16

4. Les enjeux de la musique en ligne.. 17

4.1. La lutte contre le piratage. 17

4.1.1. Les solutions technologiques. 17

4.1.2. Campagnes de sensibilisation. 19

4.1.3. Actions en justice. 20

4.1.4. Fiscalité. 20

4.2. Le développement d’une offre légale de musique en ligne. 20

4.2.1. Les débuts. 21

4.2.2. Situation actuelle. 21

5. Les modèles économiques. 23

5.1. Modèle de protection de contenu.. 23

5.1.1. e-Compil 25

5.1.2. VirginMega. 27

5.1.3. Vitaminic. 29

5.2. Le modèle du gratuit. 31

6. Enquête sur les utilisateurs de MP3. 33

6.1. Objectifs de l'étude. 33

6.2. Date du terrain.. 33

6.3. Méthodologie. 33

6.3.1. Collecte des données secondaires. 33

6.3.2. Collecte des données primaires. 34

6.3.3. Echantillonnage. 34

6.3.4. Elaboration du questionnaire. 35

6.3.5. Test 35

6.4. Analyse univariée. 36

6.5. Analyse multivariée. 40

6.6. Limites de l’étude. 43

6.6.1. Représentativité. 43

6.6.2. Omissions. 43

6.7. Conclusion.. 43

Conclusion générale.. 45

Bibliographie.. 46

Articles. 46

Etudes. 47

Sites Internet. 48

Annexes. 50

QUESTIONNAIRE ET RÉSULTATS. 50


Introduction

L'industrie musicale est la première à être confrontée au paradoxe de la distribution digitale, à savoir des bénéfices potentiels inestimables mais aussi des dangers auxquels elle n'a pas été préparée. D'une part, elle découvre qu'il est possible grâce à Internet de s'adresser directement aux consommateurs sans avoir recours à un réseau de distribution physique. D'autre part, les nouvelles technologies comme le MP3 ou les réseaux de partage de fichiers, combinées à l’arrivée des connexions Internet haut débit offrent la possibilité d'obtenir du contenu gratuit.

Le caractère international de la diffusion en ligne pose des problèmes au niveau de la gestion des droits. Il devient en effet quasiment impossible de contrôler l'utilisation d'une oeuvre, et la circulation illégale d’œuvres soumises aux droits d'auteur est désormais banalisée. Ceci constitue a priori un manque à gagner conséquent pour un secteur dont le marché est en récession après avoir vécu ses plus belles années.

Le marché du disque, de type oligopolistique, est dominé par cinq grands groupes.[1] Ces cinq éditeurs se partagent près de 80% du marché français. Derrière ces géants se trouvent de nombreux labels indépendants. La tendance est à la concentration, ce qui menace de plus en plus la diversité de l’offre. Mais ces rapprochements sont inévitables dans le contexte actuel. Chaque groupe a investi massivement depuis l’explosion des ventes générée par l’arrivée du CD, afin de maintenir sa place face à la concurrence. Mais l’industrie du disque doit faire face aujourd’hui à une crise mondiale mise en évidence par le déclin des ventes observé ces dernières années. Cette période de récession coïncide avec l’apparition de la musique sur Internet, et les activités illégales qui en découlent.

L’augmentation des coûts et les obligations de résultats à court terme[2] conduisent les maisons de disques à se restructurer et à revoir leur stratégie comme l’illustrent les récentes compressions d’effectifs ou l’annonce en novembre 2003 d’une prochaine fusion entre Sony et BMG.

La distribution sur Internet a entraîné de profonds changements dans les modes de consommation, changements que l'industrie du disque n'a pas su anticiper. On assiste à une dématérialisation de l’œuvre qui, bien que lente à se dessiner, pourrait bien remettre en cause le modèle traditionnel. Il est donc nécessaire de mettre en place un modèle économique pour aborder le marché de la musique en ligne. Il s'agit d'un défi complexe, dans la mesure où la réussite du projet passera inévitablement par un consensus malgré la présence d'une multitude d'acteurs et de conflits d'intérêts.

L’objet de ce mémoire est d’identifier les facteurs de succès de la musique en ligne afin d’évaluer les perspectives d’avenir d’un modèle légal.

Nous passerons en revue les principales technologies à l’origine de la musique en ligne avant d’en déduire l’impact sur les modes de consommation à travers la problématique du piratage. Après avoir précisé les bases légales, nous analyserons la stratégie mise en œuvre pour décourager les pirates et les difficultés liées au lancement d’un service musical en ligne. Nous détaillerons les modèles économiques sur lesquels reposent ces plates-formes pour enfin terminer par une étude sur les utilisateurs de MP3, qui donnera certaines indications sur les attentes des consommateurs en ligne.

1. Les nouvelles technologies

Les nouvelles technologies permettent au consommateur d'écouter de la musique sans sortir de chez soi, et offrent aux artistes de nouveaux canaux de distribution pour atteindre un public bien plus large. Nous présentons ici les évolutions qui ont eu le plus d’incidences sur le comportement des internautes vis-à-vis de la musique : le passage de la musique au format digital, l’apparition de réseaux de partage de fichiers, et l’évolution des connexions à Internet.

1.1. Les fichiers audio numériques

Il est désormais possible de créer des fichiers audio numérisés qui reproduisent fidèlement l'enregistrement original d'une œuvre phonographique. Ces copies peuvent être réalisées très facilement et rapidement, à l'aide d'un simple logiciel d'encodage, et cela sans altérer la qualité du son. Parmi les nombreux formats qui ont été développés, le MP3 s'est indéniablement imposé comme la référence en matière de fichiers audio. Du fait de sa popularité, le format MP3 est reconnu par la plupart des lecteurs, alors que d'autres nécessitent un lecteur propriétaire.

Le MP3 est le nom populaire de la technologie Mpeg-1 Audio Layer 3, un format de compression digitale mis au point par le Movie Picture Expert Group[3]. Il permet aux fichiers audio, très lourds sous leur format classique, d’être compressés au 1/12ème de leur taille originale. Ces fichiers peuvent ensuite être stockés sur le disque dur d’un ordinateur, puis gravés sur un CD vierge. On peut alors stocker l’équivalent de 12 albums ou 150 titres sur un seul CD.  La compression consiste à supprimer tous les sons imperceptibles par l’oreille humaine (ultrasons, infrasons, sons d’instruments masqués par d’autres), tout en conservant intacte la qualité sonore du fichier.

Les pistes enregistrées sur un CD sont au format WAV (44.1 Khz, 16 bits, stéréo). Pour un titre d’une durée de 4 minutes, le fichier enregistré sur l’ordinateur pèsera 40 mega-octets. Le même fichier, compressé au format MP3, ne pèsera que 3,5 à 4 mega-octets. Avec une connexion en bas débit (modem classique 56K, ligne téléphonique), le téléchargement de ce titre sur Internet durera 15 à 20 minutes. En haut débit, cela peut se réduire à moins d’une minute.

Pour créer des fichiers MP3, il existe de nombreux logiciels d’encodage et d’extraction de CD[4], la plupart du temps gratuits. Ces programmes transforment les fichiers WAV issus des CD en fichiers MP3. L’utilisateur peut régler différents paramètres, comme le niveau de compression. Plus ce niveau est élevé, moins le fichier sera volumineux. Grâce à la technologie numérique, les copies peuvent être réalisées à l’infini sans aucune dégradation.

Conscients de l’utilité et de la popularité du MP3, de nombreux développeurs ont essayé d’entrer sur le marché (WMA, Liquid Audio, MS Audio…). Les qualités acoustiques de ces différents formats sont très proches mais le MP3 bénéficie toujours de l’avantage pionnier. Notons toutefois la présence du format OGG Vorbis, déjà lu et reconnu par de nombreux lecteurs multimédia. Le format OGG, développé par le mouvement Open Source[5] présente l’avantage d’être libre de droit, et plus performant que le MP3.

Une autre technologie permet d’écouter de la musique sur le réseau Internet : le streaming.

Le streaming permet d’écouter un titre en temps réel, sans télécharger le fichier sur le disque dur. La lecture s’effectue pendant que les données sont transmises à l’ordinateur. Avec ce format, le fichier n’a pas vocation à être conservé par l’utilisateur. Cette technologie, développée par exemple par la société Real Networks avec son format Real Audio, a surtout contribué au développement des « Net Radios ». Toutes les radios qui proposent une diffusion en ligne sont donc accessibles à l’échelle internationale. L’incidence du streaming sur le marché du disque est potentiellement moindre puisque les morceaux ne sont pas directement copiables et surtout d’une qualité moindre par rapport aux fichiers compressés téléchargeables. De surcroît, un des problème majeurs du streaming est que la transmission des données peut être interrompue en cas de trafic important sur le réseau. Écouter un titre en streaming peut provoquer une certaine déception lorsqu’on ne dispose que d’une connexion par modem téléphonique.

L’apparition des fichiers audio numériques constitue néanmoins un marché naissant pour les fabricants de matériel. Des nouvelles générations de lecteurs portables ont été commercialisées ces dernières années (baladeurs, juke-box, clés USB…). Leur principal argument de vente est leur compatibilité avec le format MP3. Ces nouveaux appareils balayent l’inconvénient majeur de la musique digitale : le manque de mobilité. Les fichiers téléchargés ne sont plus destinés à être stockés à long terme sur le disque dur, d’autant plus que le taux d’équipement en matériel de gravure ne cesse d’augmenter.

Le format MP3 a considérablement facilité l’apparition de fichiers musicaux sur Internet. Alors qu’il faudrait plusieurs heures voire plusieurs jours pour se procurer un album au format WAV, la circulation des fichiers compressés est nettement moins fastidieuse, et le bénéfice retiré est maintenant jugé supérieur aux contraintes (principalement le temps)  liées à l’obtention du produit.

Cette technologie offre une nouvelle opportunité aux artistes. Les premiers bénéficiaires sont sans doute les artistes sans contrat, qui ont aujourd’hui la possibilité de se faire connaître à moindre frais en diffusant une partie de leurs œuvres sur Internet. Les autres artistes peuvent en profiter pour proposer des extraits de leurs chansons et compléter leur promotion par l’intermédiaire d’un nouveau canal de distribution. Certains ont d’ailleurs développé une véritable stratégie Internet autour du téléchargement depuis leur site personnel.

Cependant, l’industrie musicale s’inquiète devant le nombre de fichiers rendus accessibles sur Internet. Les progrès technologiques permettent désormais à l’internaute moyen de réaliser des copies illégales et de les mettre à disposition de l’ensemble des personnes en ligne. Néanmoins, devant la multitude d’information que l’on peut trouver sur Internet, il est difficile d’accéder aux fichiers que l’on recherche. Un autre technologie a permis de remédier à ce problème : le peer-to-peer.

 

1.2. Le peer-to-peer

La technologie peer-to-peer[6] consiste à établir une connexion directe entre deux ou plusieurs ordinateurs dans le but de partager des ressources. Elle met en commun les ressources des utilisateurs connectés à Internet et les rend disponibles à toute personne connectée au même réseau peer-to-peer. Les deux principales conséquences sont une capacité de stockage inestimable et une plus grande flexibilité : les fichiers disponibles se renouvellent constamment en fonction des utilisateurs connectés, contrairement au serveur traditionnel.

Les applications sont variées et recouvrent de nombreux domaines : messagerie instantanée, jeux en ligne, stockage distribué, partage de documents ou de fichiers…

Pourtant, cette technologie a souvent fait parler d’elle par le biais du partage de fichiers musicaux ou de films. Comme le souligne A. Jacover (2002)[7], l’effet du peer-to-peer sur la distribution musicale est considérable. Alors qu’un serveur central est habituellement nécessaire pour stocker les fichiers, le peer-to-peer permet à chaque ordinateur sur le réseau de se comporter en serveur, et ainsi rendre ses fichiers disponibles à tout utilisateur. Combinée à l’apparition du MP3, les pouvoirs de ces réseaux en matière de diffusion musicale sont inestimables.

Shawn Fanning, un étudiant américain de 18 ans, l’a bien compris et créa Napster. A l’origine du projet, un logiciel simplement destiné à échanger des fichiers MP3 sur Internet avec quelques amis. Mais en à peine une semaine, le marketing viral (transmission du lien entre les internautes) a engendré 15 000 téléchargements de ce logiciel. La société Napster est créée en septembre 1999, et en l’espace de quelques mois, le programme, proposé en téléchargement dans les principaux portails américains, sera utilisé par plus de 50 millions d’internautes à travers le monde, dont 600 000 en France selon NetValue. Le site sera finalement fermé en juin 2001 pour activité illégale et violation des droits d’auteur.

La fermeture de Napster n’empêchera pas la mise en place de nouveaux réseaux. Ceux-ci se différencient par leurs usages (l’échange de fichiers n’est plus limités aux MP3, toutes les données peuvent être partagées) mais aussi par leur structure. On dénombre trois systèmes de réseaux peer-to-peer : centralisé, décentralisé et hybride.

Le système centralisé (celui utilisé par Napster), nécessite un serveur central, qui facilite les recherches des utilisateurs lorsqu’ils sont connectés au réseau. Le serveur établit les connexions entre les différents utilisateurs, mais ne stocke pas les fichiers. Lors de la connexion au réseau, les fichiers présents sur le disque dur et destinés au partage sont transmis au serveur central qui les répertorie dans son index. Chaque membre dispose alors de la liste des fichiers fournis par l’ensemble des personnes connectées au même moment. En fonction des différents mouvements, le répertoire du serveur est mis à jour instantanément, et peut être utilisé comme base de recherche de fichiers.

Le système décentralisé, à l’inverse du précédent, n’a pas recours à un serveur central pour établir les différentes connexions entre ordinateurs. Il crée une communauté d’utilisateurs en leur permettant de se connecter entre eux. Contrairement au modèle centralisé où le point d’entrée était unique, ici les liens sont multiples, et les utilisateurs peuvent partager tout type de fichiers. Les échanges sont cependant ralentis par la structure éclatée des liaisons.

Le système hybride combine des fonctions centralisées et décentralisées, avec certains ordinateurs utilisés comme serveur central pour faciliter les connexions. C’est cette structure qui est utilisée par les réseaux FastTrack (KaZaA, iMesh, Grokster).

Une étude menée par Adar et Huberman (2000)[8] sur les utilisateurs du service Gnutella (système peer-to-peer décentralisé) a démontré que près de 70% d'entre eux ne partageait pas de fichiers, et que près de la moitié des fichiers disponibles étaient fournis par les 1% d'utilisateurs les plus actifs. Les auteurs en ont conclu qu'à terme, les membres cesseront de "produire" et se contenteront de télécharger. Si tel était le cas, les réseaux peer-to-peer ne seraient évidemment plus attractifs et finiraient par disparaître.

L.J. Strahilevitz (2003)[9] s'oppose à cette théorie en analysant le principe de coopération sur lequel reposent les réseaux de partage de fichiers. Pour des raisons principalement légales, les utilisateurs n'ont aucune obligation de partager leurs fichiers, bien que cela soit techniquement réalisable. On fait donc appel à la collaboration volontaire des membres, sur qui repose intégralement la richesse du répertoire. Il est donc étonnant, dans ce cas, de constater que la principale force des réseaux peer-to-peer constitue le nombre de fichiers disponibles. D'autant plus que les utilisateurs n'ont aucune motivation apparente pour mettre leurs fichiers à disposition de la communauté, dans un contexte d'anonymat. Selon Strahilevitz, cette démarche volontaire résulte d'un certain conditionnement. Les comportements coopératifs sont mis en avant tandis que le reste est occulté. Le but est de laisser penser que la norme est de partager ses fichiers, et laisser croire que la majorité des utilisateurs se prêtent au jeu. Ces normes implicites sont suffisamment puissantes pour orienter les comportements.

Cela dit, les réseaux peer-to-peer ont certaines limites :

·         incertitudes sur la qualité du fichier : les utilisateurs réalisant eux-mêmes la copie, la qualité sonore du fichier n'est pas garantie. Le fichier peut être incomplet, ou contenir des bruits parasites.

·         pour la même raison, le nom du fichier peut ne pas correspondre à son contenu réel.

·         risque d'interruption du téléchargement : si l'utilisateur qui possède le fichier se déconnecte du réseau, le téléchargement est interrompu. Cette contrainte concerne surtout les connexions en bas débit et les fichiers lourds (films), pour lesquels le temps de téléchargement sera plus important, mais aussi des fichiers rares et quasiment introuvables. L'interruption peut alors engendrer une grande frustration.

·         l'utilisateur peut subir des nuisances diverses : spamming, publicités, virus...

·         risques de poursuites si les fichiers sont soumis aux droits d'auteur.

Ces inconvénients ne suffiront pourtant pas à faire reculer les utilisateurs, chaque jour plus nombreux sur les différents réseaux. A ce titre, la démocratisation du haut débit n’est pas pour leur déplaire.

 

1.3. L’accès à Internet

Les connexions en haut débit ont connu une progression spectaculaire ces dernières années. Leur coût devient de plus en plus abordable mais leur accès donne lieu à des inégalités. Pour pouvoir profiter du haut débit en France, il faut habiter dans les grandes agglomérations. En 2003, seules 30% des communes françaises sont couvertes[10].

Sur l’année 2003, le nombre de foyers disposant du haut débit a progressé de 53% (12% des foyers français)[11].

Les deux grandes options haut débit sont l’ADSL et le câble. Leurs principaux avantages par rapport à la connexion RTC (modem classique) sont leur débit supérieur et le fait qu’ils libèrent la ligne téléphonique. Le comportement en ligne dépend du type de connexion : le débit rapide offre davantage de possibilités. Les internautes qui en sont équipés sont par conséquent beaucoup plus actifs en ce qui concerne les utilisations multimédia en ligne (téléchargement de fichiers volumineux, écoute de radio en ligne…).

Une nouvelle avancée, le Wi-fi, pourrait bien révolutionner les activités en ligne. Le Wi-fi est une technologie de réseau sans fil utilisant des bandes de fréquences radio, ce qui implique une vitesse de connexion inégalable, qu’on peut considérer comme le « très haut débit ». Les équipements de ce type sont encore très rares mais sont promis à un bel avenir compte tenu du faible investissement qu’ils représentent et de leur potentiel.

 

Ces évolutions technologiques majeures ont fortement influencé le comportement des internautes. Les nouvelles pratiques en ligne touchent en premier lieu le secteur audiovisuel, même si le nombre de connectés en bas débit a épargné temporairement le cinéma. Alors qu’elle devrait constituer une formidable opportunité, cette tendance confronte l’industrie musicale à un phénomène grandissant, le piratage.

 

 

2. Le piratage

 

2.1. Définitions

Le piratage au sens large se rapporte à l’action de copier illégalement une œuvre. Ce terme est lié à celui de la contrefaçon. Il convient avant toute chose de distinguer les deux grandes formes de piratage : la piraterie traditionnelle, et la piraterie domestique.

La piraterie traditionnelle concerne la commercialisation et distribution de copies totales ou partielles d’œuvres, généralement fabriquées en grandes quantités dans des usines de pressage. D’après les chiffres de l’IFPI[12] (juin 2000), 1 enregistrement musical sur 3 dans le monde est piraté. Dans les pays de l’Est, le taux de piraterie dépasse régulièrement les 50%.

La piraterie domestique se rapporte essentiellement aux téléchargements illégaux sur Internet, et à la copie sur CD-R. La piraterie musicale sur Internet a connu un développement exponentiel à travers le monde. Selon l’institut Idate, en 2003, pour 5 titres écoutés, 4 auraient été téléchargés illégalement pour un seul titre acheté.

 

2.2. Impact sur les ventes

Avec une chute de 7,3% en 2003, les ventes de musique dans le monde baissent pour la 4ème année consécutive[13].

Si on analyse l’évolution des ventes mondiales sur le long terme, on observe une première phase (1969-1979) avec une progression de 18% en valeur grâce à l’internationalisation de la musique et la pénétration des lecteurs de cassettes audio. De 1980 à 1984, la possibilité de réaliser des copies de cassettes a entraîné une phase de récession. L’apparition du CD a relancé le marché, avec une phase de progression de 14,9% de 1985 à 1995. On remarque de nouveau une stagnation du marché après 1995. Or le téléchargement musical et Napster se sont développées un peu plus tard, et ne sont donc pas la cause directe du déclin du marché.

Le bureau d’études Merrill Lynch[14] avance plusieurs explications :

·         Le format CD arrive à maturité, et le transfert des collections de vinyle et de cassettes vers le CD est pratiquement épuisé.

·         L’incursion de la grande distribution qui a eu un effet négatif sur la diversité de l’offre en étant à l’origine de la fermeture de nombreuses boutiques.

·         Les changements dans les goûts musicaux des consommateurs se sont orientés vers des genres non exploités par les majors.

·         Le piratage sur Internet, qui a un impact sévère sur la vente de singles, et le déclin du format cassette.

·         La conjoncture économique

 

On observe également une certaine dévalorisation du statut d’artiste. Prenons l’exemple du phénomène de télé-réalité, qui permet régulièrement à des inconnus de produire un disque sans avoir une réelle expérience dans le domaine. Cette facilité d’accès démystifie la profession qui se trouve en quelque sorte banalisée. Il en ressort une baisse de la valeur perçue qui se répercute sur les prix, jugés trop chers alors que pourtant depuis 30 ans le prix du disque n’a pas plus augmenté que l’inflation[15].

Il se télécharge chaque jour dans le monde 410 millions de fichiers audio sur les réseaux peer-to-peer[16]. Informa Media Group évalue les pertes de chiffre d’affaires pour l’industrie de la musique occasionnées par le peer-to-peer dans le monde à 2,4 milliards de dollars. Ce chiffre pourrait doubler d’ici 2008[17].

Une étude de NPD Group[18] indique que seuls 8% des utilisateurs sont à l’origine de 56% des fichiers illégaux qui circulent sur les réseaux peer-to-peer. Pew Internet Project[19] précise que moins d’un tiers des utilisateurs ont plus de 25 titres stockés sur leur ordinateur. La plupart des utilisateurs n’auraient donc qu’une influence limitée sur la circulation des fichiers.

L’impact réel du piratage sur les ventes de disques est très difficile à évaluer, dans la mesure où les nombreuses études sur le sujet se contredisent. Une étude menée en 2004 par deux étudiants américains[20] tend à montrer que le téléchargement de fichiers illégaux sur les réseaux peer-to-peer n’a aucun d’effet négatif sur les ventes. Durant un trimestre, ils ont étudié un panel d’utilisateurs américains en comparant les fichiers échangés avec les ventes des albums correspondants sur le marché américain, afin d’établir une relation fiable. La conclusion de l’étude est que l’utilisation du peer-to-peer n’a pas d’effet statistiquement significatif sur la vente d’un album.

Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que le consommateur a un lien affectif relativement puissant avec la musique, lien renforcé par le support physique que constitue le CD. Par conséquent, si l’album est disponible chez un disquaire dans des conditions abordables, le fait que les fichiers soient disponibles gratuitement sur Internet ne constituera pas un véritable frein à l’achat.

 

2.3. Les motivations

Les fichiers recherchés par les utilisateurs de peer-to-peer sont principalement les films et vidéos (47%). Les fichiers musicaux arrivent en seconde position et représentent 38% des téléchargements. 56% des fichiers recherchés sont des fichiers pirates (ne respectent pas les droits d’auteur). Pratiquement tous les fichiers musicaux circulant sur les réseaux de partage de fichiers sont illégaux (99%)[21]. A première vue, les dommages causés par ces réseaux à l’industrie musicale sont évidents. Il faut cependant connaître l’utilisation exacte qui est faite de ces fichiers, et comprendre la raison du téléchargement. On peut émettre différentes hypothèses[22] qui n’auront pas la même influence sur les ventes :

1.      Le téléchargement facilite l’accès à la musique. On trouve ici des individus dont la consommation de musique est relativement limitée pour différentes raisons (budget restreint, peu d’intérêt pour la musique…). Dans ce cas, l’impact sur les ventes est minime puisque les achats sont habituellement rares, voire inexistants.

2.      Le téléchargement permet de découvrir de nouveaux artistes. Nous avons ici des amateurs de musique à la recherche de nouveauté. Ils sont généralement plus impliqués, voire passionnés et consacrent un budget plus important pour l’achat de CD. Ils profitent pleinement des possibilités d’Internet et peuvent dès lors élargir leurs horizons musicaux, ce qui est beaucoup plus difficile via le réseau de distribution traditionnelle, le marché étant largement dominé par les 5 majors. L’impact sur les ventes est variable : certains vont remplacer l’achat de CD par le téléchargement d’œuvres d’artistes indépendants (par insatisfaction de l’offre, protestation ou boycott), tandis que d’autres achèteront tout ou partie de la discographie des artistes qu’ils auront découverts et apprécié. On peut également placer dans cette catégorie la recherche de titres rares (performances enregistrées lors de concerts, « faces B », albums introuvables…). Globalement, l’impact sur les ventes est assez positif, les individus sont responsables (il existe par ailleurs une certaine forme de solidarité vis-à-vis des artistes) mais ne sont pas prêts à acheter à n’importe quelle condition.

3.      Le téléchargement permet d’obtenir de la musique gratuitement. On entre ici au cœur du débat. Le préjudice est flagrant, le téléchargement pirate remplace majoritairement ou totalement l’achat de CD. Ce groupe est d’un point de vue sociologique le plus intéressant mais malheureusement le plus difficile à cerner, de par son hétérogénéité. Le point convergent est le motif économique, les nouvelles technologies permettant de se procurer des œuvres à moindre coût, même si les pratiques sont illégales. On retrouve davantage de jeunes internautes pour des raisons diverses : dépendance financière, phénomène de mode du MP3 et du peer-to-peer, volonté de transgression de l’interdit et phénomènes de rébellion… L’attrait pour la gratuité peut parfois conduire à des comportements irrationnels comme le téléchargement compulsif : l’individu passe la plupart de son temps libre à télécharger des titres qu’il n’écoutera pas forcément.  Un type d’utilisation assez proche sera celui du collectionneur, qui cherchera par exemple à trouver tous les artistes d’une catégorie.

 

Aussi il paraît primordial d’utiliser cette approche segmentée, de la même manière qu’elle est utilisée en « off-line ». Les internautes qui téléchargent de la musique illégalement ne forment pas un groupe homogène et ont des préoccupations diverses. Cette prise en compte permet de mieux évaluer les opportunités et va guider les différents axes de communication à mettre en place. Les deux derniers groupes auront par exemple des réactions très différentes si on les considère comme des « hors-la-loi ». Certains seront facilement influençables et une simple menace d’action en justice contre le partage de fichiers illégaux devrait suffire à les convaincre en faisant réapparaître la notion de risque. Par contre, cela peut engendrer des réactions très négatives de la part d’individus qui n’ont aucune mauvaise intention et qui, pour leur part, vont percevoir un sentiment d’injustice et un manque de considération.

 

3. Le cadre juridique

 

3.1. Code de la Propriété Intellectuelle (CPI)

Le CPI[23] est une des sources principales du droit d’auteur, et couvre un champ vaste de protection juridique en en s’appliquant à la fois aux droits moraux et patrimoniaux.

Dès la création d’une œuvre, l’auteur dispose des droits qui y sont associés, tout au long de sa vie, sans qu’il soit nécessaire de formuler une quelconque demande (Articles L 111-1 et L 123-1 du Code de la Propriété Intellectuelle). Cette protection prend effet même si l’œuvre n’est pas diffusée ou achevée (art. L 111-2).

Il est interdit de reproduire une œuvre, que ce soit dans son intégralité ou partiellement, sans le consentement de son auteur ou de ses ayants droit (art. L 122-4 du CPI). Ceci concerne « tous les procédés qui permettent de la communiquer au public d’une manière indirecte » (art. L 122-3).

Toutefois, une dérogation est accordée par la loi : le principe de la copie privée[24] (art. L 122-5). Cet article autorise « les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective ». Il est donc possible de copier sur un support vierge un CD acheté, mais pour un usage strictement personnel. Ce droit n’est pas gratuit. Une taxe sur les supports vierge a été décidée. Cette taxe est destinée à dédommager les ayants droit en raison du manque à gagner occasionné. Le montant dépend du type de support et de la durée d’enregistrement réalisable. En ce qui concerne la répartition de la rémunération dans le domaine musical, la moitié de la somme est reversée aux auteurs, un quart aux artistes interprètes, et l’autre quart aux producteurs.

Télécharger des œuvres sur Internet pour les graver sur CD et les vendre est illégal, et constitue un délit de contrefaçon, tout comme l’encodage de plages de CD au format numérique et sa diffusion sur le réseau (art. L 335-3). Mais la simple utilisation d’une œuvre contrefaite constitue un délit si on ne détient pas l’œuvre originale. Stocker sur son disque dur ou autres supports des fichiers illégaux est condamnable pour « recel de contrefaçon » si l’individu a connaissance de l’origine délictueuse de ces fichiers (art. L 321-1).

Les sanctions en cas de délit de contrefaçon ont été récemment renforcées. Selon la gravité du délit, les peines encourues peuvent dorénavant s’élever à 3 ans d’emprisonnement et 300 000 euros d’amende, au lieu des 2 ans et 150 000 euros prévus précédemment (art. L 335-4). Il faut ajouter à cette somme les dommages et intérêts à verser aux ayants droit ainsi que la confiscation des copies illicites, du matériel utilisé, et des recettes ayant donné lieu à la confiscation (art. L 335-7).

Quelque soit le format de la musique que l’on souhaite reproduire et diffuser en ligne, il faut au préalable obtenir l’autorisation de l’auteur, même si l’on ne poursuit aucun but commercial.

 

3.2. Droits d’auteur et droits voisins

Projet de loi sur les droits d’auteur et les droits voisins dans la société de l’information (12 novembre 2003).

Ce projet de loi[25] est la transposition d’une directive européenne, l’EUCD (Directive Européenne sur le Droit d’Auteur, 2001/29/CE du 22 mai 2001), et des traités de l’OMPI (Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle, 20 décembre 1996). Elle aborde la problématique de la distribution en ligne et a pour but de protéger la création et de contrer le piratage, sans priver les internautes de leurs libertés les plus légitimes. Il s’agit en outre d’un complément juridique indispensable pour adapter le régime de la propriété littéraire et artistique aux nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Parmi les nouveautés les plus significatives, citons l’article 8 qui spécifie que « les titulaires de droits ont la faculté de prendre des mesures permettant de limiter le nombre de copies ». Le texte introduit par ailleurs des sanctions « en cas de contournement d’une mesure technique efficace de protection d’une œuvre ». Ces sanctions sont identiques à celles prévues par l’article L 335-4 du Code de la Propriété Intellectuelle.

Toutefois, l’exception pour copie privée n’est pas remise en cause. Un collège de médiateurs sera d’ailleurs formé en vue de régler les litiges éventuels entre les consommateurs et les producteurs à ce sujet.

D’autres textes en cours d’élaboration visent à améliorer les moyens de lutte contre la contrefaçon, comme le projet de Loi sur la Confiance en l’Économie Numérique (LEN). Ce projet précise entre autres le régime des responsabilités des fournisseurs d’accès à Internet. Les hébergeurs de sites et les fournisseurs d’accès à Internet auront le devoir de renforcer leur contrôle sur les contenus dont ils permettent la diffusion, sans que ce contrôle soit systématique comme il était prévu initialement.

 

3.3. Le problème juridique du peer-to-peer

A&M Records contre Napster (2001)[26]

Devant la menace que représente Napster, la priorité pour l’industrie musicale était de prouver l’illégalité du réseau et ainsi obtenir sa fermeture.

Réseau peer-to-peer centralisé, Napster avait la possibilité de contrôler et superviser les activités de ses utilisateurs à l’aide de son serveur central. Il avait donc connaissance de l’utilisation illégale des fichiers, ce qui a engagé sa responsabilité. Napster a finalement été condamné pour avoir contribué à la distribution et la reproduction non autorisées d’œuvres soumises au droit d’auteur.

On aurait pu penser que cette décision sonnerait le glas du partage de fichiers sur Internet. Mais les réseaux décentralisés ont pris le relais, et la différence technologique de ces systèmes les rendent moins vulnérables. En effet, l'absence de serveur central ne leur permet pas de contrôler une éventuelle violation des droits d'auteur. Ainsi, la Burma/Stemra (Sacem hollandaise), a perdu en 2002 une bataille judiciaire contre la compagnie FastTrack, éditrice du logiciel de peer-to-peer KaZaA[27].

Les réseaux peer-to-peer demeurent un concurrent redoutable pour les maisons de disques, qui doivent rapidement trouver des solutions pour récupérer ces internautes qui leur échappent.

 

 

4. Les enjeux de la musique en ligne

 

La numérisation des œuvres a fait apparaître une nouvelle forme de contrefaçon dans le domaine musical, la contrefaçon domestique, amplifiée par les réseaux d’échange de fichiers. Pour détourner des millions d’internautes de ces activités, l’industrie a adopté un processus en deux temps. La première étape consiste à endiguer le phénomène par divers procédés (technologiques, juridiques…). Cette stratégie permet de temporiser en attendant la mise en place d’une offre en ligne qui demande une longue préparation en raison de la diversité des acteurs en présence.

4.1. La lutte contre le piratage

Afin de remédier à l'impossibilité de gérer la diffusion et l'utilisation illégale des oeuvres sur Internet, des solutions technologiques ont été étudiées. Il est cependant très difficile de trouver un procédé qui protège les droits d'auteur tout en ne limitant pas l'utilisation privée. La protection digitale doit prendre en compte trois paramètres : la technologie, l'éducation du consommateur, et la loi.

4.1.1. Les solutions technologiques

Le SDMI (Secure Digital Music Initiative),[28] consortium regroupant environ 200 groupes (maisons de disques, industriels de l’électronique et éditeurs de logiciels) a été mis en place pour trouver une parade face aux menaces du MP3 et du partage de fichiers musicaux. Ce groupe de réflexion a profité des compétences de chaque partie en présence pour mettre au point un dispositif de protection des contenus. Il était notamment envisagé d’empêcher la lecture des fichiers pirates sur les périphériques compatibles avec cette norme SDMI. La divergence d’opinions entre les maisons de disques et les fabricants de matériel ont conduit à l’échec du projet : le dispositif aurait découragé bon nombre d’acquéreurs potentiels de lecteurs périphériques.

Qui plus est, cette protection a rapidement montré ses limites. Soucieux de tester la fiabilité de ses protections, le SDMI a lancé, en septembre 2000, un concours offrant un prix de 10 000 dollars à la première personne qui parviendrait à crocheter la sécurité. Trois semaines plus tard, un groupe de 9 scientifiques spécialistes de la cryptographie ont facilement déverrouillé le système. Ils ont d’ailleurs affirmé que les méthodes qu’ils ont utilisées étaient « à la portée d’un pirate talentueux »[29].

Les techniques de DRM (Digital Right Management), apparues au début des années 1990, consistent à protéger les droits d’auteur lors de la diffusion de contenu numérique. Le fournisseur de contenu définit le niveau de contrôle à mettre en place : le nombre de copies de l’œuvre originale qui peuvent être faites, le nombre de lectures permises, ou encore l'autorisation du transfert du fichier vers d'autres périphériques.

Le moyen utilisé pour y parvenir est le cryptage du fichier. Pour pouvoir décrypter le fichier, l'utilisateur doit payer, fournir une adresse e-mail ou accepter d'être "surveillé". Les conditions d’utilisation sont définies dans une licence électronique, téléchargée avec le fichier.

Pour être en mesure d’appliquer ce cryptage, il faut que le format du fichier le permette, ce qui n’est pas le cas du MP3. Plusieurs acteurs ont donc travaillé au développement d’une technologie qui réponde à ces exigences avec pour objectif d’imposer leur propre format.

Le WMA (Windows Media Audio), développé par Microsoft, a semble-t-il été le plus convaincant. A l’inverse du MP3, il peut contenir ces sécurités empêchant les copies et les distributions illégales du contenu. Inutile de préciser dans ces conditions, que le format WMA a les préférences des maisons de disque. Lors du téléchargement, une licence digitale est associée au fichier et contrôle la manière dont le titre doit être joué. Les données que comporte cette licence prennent une forme électronique et sont envoyées à l’ordinateur.

La généralisation du WMA sur les services de musique en ligne constitue une aubaine pour son créateur, Microsoft, dans la mesure où l’installation de son lecteur propriétaire, Windows Media Player, est obligatoire pour lire les fichiers de ce type.

Les solutions DRM peuvent aussi être utilisées à des fins promotionnelles. Fin 2003, le rappeur français MC Solaar a ainsi distribué 300 000 CD-Rom promotionnels, à durée de vie limitée, contenant 6 extraits et une chanson de son nouvel album. Grâce au dispositif de protection mis au point par MPO-Online[30] et Microsoft, les titres n’étaient lisibles que pendant 6 jours.

Parallèlement, les majors se sont repliées sur des dispositifs anti-copie mis en place sur des CD, et ont fait appel à des éditeurs de logiciels pour les mettre au point. Les premières tentatives se sont soldées par un échec, avec des protections qui rendaient les CD illisibles sur ordinateur ou autoradio laser. Par ailleurs, leur efficacité était rapidement remise en cause : un simple coup de marqueur sur les CD verrouillés, ou une manipulation lors de l’insertion du CD suffisaient à faire sauter la protection.

Les associations de défense des consommateurs ont rapidement porté plainte contre les maisons de disques et distributeurs, mettant en doute la légalité et la légitimité de certains systèmes de protection. Premièrement, elles s’appuient sur l’incompatibilité avec un grand nombre de matériels audio courants, ce qui rend le disque inutilisable. Ensuite, le verrouillage remet en cause le droit à la copie privée.

Ainsi, le 2 septembre 2003, UFC-Que Choisir a mené une action en justice contre EMI pour « défaut de conformité lié à un vice caché et violation du droit de copie privée », ainsi que contre le distributeur (Auchan), pour « défaut d’information ». Le litige concernait un CD muni d’un dispositif anti-copie le rendant illisible sur un autoradio, alors qu’aucune mention ne le précisait. Le TGI de Nanterre a donné gain de cause à l’association concernant le vice caché, et le produit a été remboursé à la consommatrice[31]. Il en résulte deux conséquences majeures. D’une part, cette décision autorise tous les consommateurs s’estimant lésés à se faire rembourser leur achat par la maison de disques, ou exiger un CD déverrouillé. D’autre part, l’association n’a pas obtenu l’interdiction de ces mesures de protection.

Les majors ont toutefois temporairement renoncé aux procédés anti-copie, le temps de mettre au point une nouvelle génération de protections, après une année de tests et d’améliorations techniques. Le procédé du CD Multisession, développé par Microsoft et MPO, est ainsi le premier à protéger le contenu des CD tout en autorisant la copie privée. Le CD est divisé en 2 parties, appelées « sessions ». Sur la première se trouve la musique de haute qualité, inaccessible à partir d’un ordinateur. Le même contenu est disponible sur la seconde, mais en qualité numérique compressée et cryptée. Cette session du CD, lisible sur ordinateur, inclut un système de gestion des droits.

D'après des analystes de Gartner[32], tous les procédés anti-copie et technologies DRM qui protègeront des contenus populaires tels que les logiciels, jeux vidéos, musique ou films, seront voués à l'échec dans la mesure où on trouvera toujours des individus prêts à passer du temps pour briser les protections. Les éditeurs ont pris en compte ce paramètre et ont créé des protections plus évolutives, afin de permettre une « mise à jour » du dispositif après une attaque. Compte tenu du lourd investissement que représentent ces solutions technologique (recherche et développement, fabrication) et du mécontentement des consommateurs[33], il est permis de s’interroger sur l’intérêt de telles mesures.

 

4.1.2. Campagnes de sensibilisation

Une large campagne de sensibilisation a été menée au niveau mondial en 2003, afin d’expliquer le caractère illégal de la distribution de musique non autorisée sur Internet. Ces campagnes ont donné lieu à la création de sites Internet comme Pro-music[34] ou Music United[35], issus d’alliances entre les groupes du secteur musical. D’après l’IFPI, en janvier 2004, deux personnes sur trois en moyenne sont conscientes des problèmes de copyright.

Un moyen plus direct a été employé par la l’industrie du disque : la messagerie instantanée. Un message d’avertissement est envoyé par les réseaux peer-to-peer aux utilisateurs qui partagent des fichiers illégalement. En l’espace de quelques mois, plus de 14 millions de messages de ce type ont été distribués aux États-Unis.

En France, une campagne de publicité nationale a été lancée à l’initiative du SNEP[36], afin de mettre en garde les internautes en leur rappelant les sanctions encourues. Cette campagne très agressive, ciblée sur les jeunes utilisateurs, constitue un dernier avertissement avant d’éventuels procès.

Toutefois, ces actions n’ont pas l’effet attendu, notamment en raison du contexte d’anonymat sur le réseau et le caractère immatériel du délit. Les adeptes du téléchargement gratuit de fichiers sous copyright n’ont pas l’impression d’effectuer un vol.

 

4.1.3. Actions en justice

En dernier recours, il a été décidé de lancer des procès contre les utilisateurs qui téléchargent d’importants volumes de fichiers sous droits d’auteur. Ces actions ont un réel effet dissuasif si on en croit une étude du Pew Internet Project[37]. Un utilisateur sur 7 ne télécharge plus de fichiers, et pour un tiers d’entre eux les menaces de procès en seraient la cause. D’après comScore Media Metrix, le nombre d’utilisateurs du réseau peer-to-peer KaZaA est passé de 35 à 20 millions en l’espace de quelques mois, consécutivement à l’annonce de poursuites par la RIAA.

 

4.1.4. Fiscalité

Un autre combat est mené en Europe : la réduction du taux de TVA applicable au disque, à l’image des autres produits culturels. Actuellement au taux normal, la taxe varie selon les pays de l’Union Européenne de 15 à 25% du prix de vente[38]. Des recherches menées par le SNEP montrent qu’une baisse du taux de TVA à 5,5% entraînerait une augmentation des ventes de 40% sur 3 ans.

 

4.2. Le développement d’une offre légale de musique en ligne

La mise en place d’un service de musique en ligne nécessite beaucoup de temps. Il faut digitaliser le contenu (numérisation de l’ensemble du catalogue), et mettre en place une technologie fiable et de haute performance. La qualité du service doit être irréprochable, avec des systèmes de paiement sécurisés qui permettent aux utilisateurs de choisir le moyen de paiement qui leur convient (carte bancaire, crédit pré-payé, audiotel…). Ensuite vient la négociation des droits. Préparer la distribution en ligne des enregistrements sonores implique des considérations économiques complexes et des négociations avec chacune des parties en présence. Les droits d'enregistrements sonores doivent être négociés avec les maisons de disques, et les droits sur les oeuvres font l'objet de licences spécifiques négociées avec les éditeurs. Par conséquent, les droits sur les enregistrements musicaux nécessitent souvent différentes licences pour différents territoires. Il faut enfin définir des règles d'utilisation qui respectent les droits tout en évitant les restrictions abusives qui priveraient le consommateur de ses libertés légitimes.

 

4.2.1. Les débuts

Face au monopole du gratuit en ligne, les majors cherchent à reprendre le pouvoir. Ainsi, la plate-forme Duet (rebaptisée Press Play) annoncée le 22 février 2001 marque l’entrée des maisons de disque sur le marché en ligne. Elle est issue d’une alliance entre deux géants : Universal et Sony. Moins de deux mois plus tard, les 3 autres majors (Warner, BMG, EMI) ripostent en annonçant leur projet commun, MusicNet, le 2 avril 2001. Mais ces initiatives sont avant tout symboliques, aucun des deux services n’étant immédiatement opérationnel. Duet va d’ailleurs rapidement disparaître.

Les deux camps cherchent à constituer la plus grosse base d’abonnés possible. Pour y parvenir, ils se sont lancés dans une stratégie d’acquisitions. Le groupe Bertelsmann (BMG) s’est rapproché de Napster en octobre 2000, Universal de son côté a racheté MP3.com, à l’époque premier fournisseur mondial de services musicaux sur Internet avec plus de 900.000 fichiers provenant de 150.000 artistes.

 

4.2.2. Situation actuelle

En Europe, on trouve fin 2003 près de 30 services légaux de musique en ligne. Cependant, une enquête de GFK Media en Europe[39] montre que fin 2003, seule une personne sur quatre a connaissance de ces services (40% chez les 16-29 ans). Il reste donc un gros travail de communication à réaliser pour promouvoir ces services.

Pour plus d'efficacité, il serait préférable de réduire le nombre de concurrents, afin de simplifier les recherches. Mais toute la difficulté est de trouver les accords pour regrouper tous les catalogues au sein du même service, de nombreux acteurs souhaitant développer leur propre plate-forme sans devoir partager les avantages.

Aux États-Unis, le marché légal de la musique en ligne est maintenant très concurrentiel, et de nombreux partenariats ont pris forme dans des domaines variés[40] :

·         Fournisseurs d'accès : iTunes et AOL, Rhapsody et Comcast

·         Fabricants de matériel informatique : Musicmatch et Dell, Napster 2.0 et Samsung

·         Autres marques reconnues : iTunes et Pepsi, RealPlayer Music Store et RollingStone.com

·         Institutions académiques : Napster 2.0 et Penn State University

 

Un des inconvénients de l’offre légale est qu’elle est segmentée en plusieurs marchés. Les contraintes juridiques ne permettent pas aux différents services d’avoir une clientèle internationale à partir d’une plate-forme unique. Un même service est donc difficilement extensible sur plusieurs continents, alors que les modèles peer-to-peer s'adaptent beaucoup mieux géographiquement, et donnent accès à un répertoire mondial. Pour le moment, les États-Unis et l'Europe sont marchés les plus avancés, alors que le Canada, l'Asie, l'Australie et le Brésil tardent à décoller.

 

Le marché du disque n’est pas au mieux, mais les perspectives de croissance sur l’ensemble du secteur restent malgré tout encourageantes :

·         Le marché de la musique en ligne. En 2003, la vente de musique digitale (téléchargements et souscriptions d’abonnements) représente 4,5% du marché total. D’après les estimations d’Informa Media Group, ce type de distribution devrait représenter près de 12% du marché en 2008[41].

·         Le marché des sonneries musicales : selon le cabinet londonien Informa, il représentera bientôt plus de 10% du marché du disque. Entre 25% et 55% du prix de vente des sonneries hi-fi sera reversé aux maisons de disques.

·         Les lecteurs périphériques : le parc mondial des lecteurs numériques de musique portable devrait passer à 30 millions d’unités en 2006 (7,2 millions en 2002)[42].

 

 

5. Les modèles économiques

 

Bien qu'ayant fragilisé l'industrie musicale, la popularité de Napster a démontré sa capacité à atteindre directement le consommateur sans avoir recours à un réseau de distribution physique. L'enjeu du marché de la musique en ligne sera donc de s'inspirer de ce modèle, en rendant toutefois les transactions plus sécurisées et en trouvant des formules plus attractives que celles offertes par le partage de fichiers illégaux.

« Notre but est de nous assurer que la protection du contenu soit toujours au centre du développement de toute nouvelle technologie de transmission du contenu musical, afin que les droits des créateurs soient respectés, et que de nouveaux modèles économiques puissent être mis en œuvre ».

Cette phrase provenant de la RIAA,[43] illustre bien la volonté de mettre en place une offre basée sur la protection de contenu et la gestion des droits.

Nous exposerons brièvement les différentes options qui peuvent être proposés suivant ce modèle, puis nous analyserons leur application à travers trois plate-formes disponibles sur le marché français, qui ont pris chacune une orientation différente.

 

5.1. Modèle de protection de contenu

Ce modèle est basé sur les techniques de gestion des droits numériques. Différentes formules peuvent être envisagées pour l’acquisition de musique digitale.

·         Le paiement à l’acte est proposé par la plupart des services de musique en ligne. Il s’agit d’un téléchargement à la carte : le client a la possibilité de n’acheter qu’un seul titre, le télécharger, le graver et le transférer. Il a l’avantage de laisser une grande liberté d’action, mais certains artistes s’y opposent, trouvant que ce mode d’achat dénature la continuité artistique d’un album. On peut dans ce cas considérer un album comme un livre, où chaque titre serait équivalent à un chapitre.

·         Le téléchargement d’album au format digital part du même principe, mais appliqué cette fois au téléchargement cumulé de chaque titre de l’album. Cette formule sera plus ou moins intéressante selon le nombre de titres. Les prix seront toutefois plus attractifs par rapport aux disquaires du fait de la réduction des coûts.

·         Le streaming permettrait au consommateur d’écouter un titre une seule fois, sans le télécharger, mais à un prix très bas. Cette formule est idéale pour qui souhaite explorer divers genres musicaux ou faire sa propre programmation selon son humeur.

·         Le téléchargement de titres périssables consiste à autoriser l’écoute du fichier téléchargé pendant un laps de temps limité. Le fichier est stocké sur le disque dur jusqu’à la date limite. Cette option s’inspire des versions d’évaluation dans le domaine des logiciels.

·         L’abonnement simple permet à l’utilisateur d’acquérir un certain nombre de titres par mois. Le prix du forfait sera alors plus avantageux que pour un paiement à l’acte.

·         L’abonnement illimité permet de télécharger tous les titres que l’on souhaite pendant la durée de l’abonnement.

·         La location offre un accès aux titres limité dans le temps. L'utilisateur ne peut écouter les titres qu'il a téléchargés que pendant la durée de son abonnement.

 

A partir de ces formules, de nombreuses variantes et offres promotionnelles peuvent être mises en place, ainsi que des restrictions d’utilisation : limitation du nombre de gravures, de transferts sur périphériques, ou du nombre d’écoutes.

Il est ensuite nécessaire de collecter un maximum de données sur les visiteurs : statistiques d’accès aux pages web, inscriptions, sondages, historique des titres téléchargés… On peut éventuellement proposer des bonus en échange d’informations personnelles (titres inédits, fonds d’écran, photos…). Ces informations ont pour but d’affiner les connaissances sur l’internaute afin de développer une offre adaptée à son profil. Il est dorénavant envisageable de personnaliser l'offre en fonction des préférences de chaque consommateur.

 

Exemples commentés

5.1.1. e-Compil

La plate-forme e-Compil[44] a été lancée en 2001 par Universal Music France. Les titres téléchargés sur e-Compil sont au format WMA, pour faciliter la gestion des droits à l’aide du lecteur Windows Media Player. Le catalogue regroupe environ 40 000 titres (Universal, Sony, Warner, BMG et quelques labels indépendants).

Les formules :

1. Les abonnements

Les abonnements, d’une durée de 6 mois, permettent de télécharger un forfait de titres chaque mois. La longue durée de l’abonnement s’inscrit dans une démarche de fidélisation. Le paiement s’effectue par carte bancaire (paiement sécurisé en mode SSL) et par mensualités dont la première est versée à l’inscription. Deux forfaits sont proposés :

·         10 titres par mois pour 8 euros par mois

·         20 titres par mois pour 15,50 euros par mois

Il n’y a pas de report des titres d’un mois sur l’autre. Les titres non consommés sont donc définitivement perdus.

2. Les offres sans engagement

Les formules sans engagement donnent droit au téléchargement d’un certain nombre de titres dans les trois mois (92 jours) qui suivent l’achat. Deux options sont proposées :

·         20 titres pour 18 euros, payables par carte bancaire et dans certains cas par système WHA (les services sont facturés avec l’abonnement Internet).

·         1 titre pour 1,69 euros, payable uniquement par Audiotel. L’appel sera alors facturé au prix du titre.

 

Licences d’utilisation

Chaque titre téléchargé donne lieu à une licence, qui spécifie les droits qui lui sont associés :

·         Lecture infinie

·         1 gravure (avec Windows Media Player uniquement)

·         3 transferts sur lecteurs portables compatibles WMA

 

D'après Sophie Bramly[45], seuls 80% des titres proposés sont téléchargés et 80% du volume de ces téléchargements correspond au Top 50. Environ 40 000 titres sont téléchargés chaque mois.

Les 18-35 ans représentent la majeure partie de la clientèle d'e-Compil. Les hommes sont plus nombreux (74%) et environ la moitié des clients ont une connexion bas débit. L'achat au titre attire davantage les moins de 25 ans. Pour les plus jeunes et les personnes réticentes au paiement par carte bancaire, le mode de paiement par Audiotel a été retenu.

Les données recueillies lors de l’inscription sont le nom, le prénom, le sexe, l’année de naissance et l’adresse e-mail. Il est par la même occasion proposé aux futurs clients de s’inscrire à la Newsletter bimensuelle des services e-Compil, ainsi qu’aux offres des majors Universal, Sony et Warner, par opt-in. Signalons la présence d’une rubrique « cadeau », qui permet d’offrir 20 titres à un proche pour 18 euros. Ce service permet d’obtenir le nom et l’adresse e-mail du destinataire, qui devient donc un prospect qualifié.

Concernant la communication, l’accent est mis sur la simplicité, avec des slogans comme « écoutez, téléchargez, gravez » ou « la musique en 1 clic ». Un autre axe choisi est la sensibilisation du public aux offres légales, avec des campagnes publicitaires (affichage, bannières sur Internet) qui ont pour message « les plus grands artistes sont en téléchargement légal sur e-compil.fr ». Dans le cadre de cette campagne, l’image de grands artistes français et étrangers a été utilisée en compagnie du slogan « téléchargez-moi », afin de justifier la légitimité au service.

La promotion du site s'appuie sur un système d'affiliation : les services d'e-Compil sont accessibles depuis les portails des différents partenaires : fournisseurs d'accès, annuaires, etc.

Un des inconvénients de la plate-forme est qu’elle ne fonctionne pour le moment qu’avec le système d’exploitation Microsoft Windows. Une version récente du lecteur Windows Media Player est en effet exigée. Toute utilisation (gravure, lecteur portable) doit être compatible avec ce logiciel. Les licences qui accompagnent les titres les rendent illisibles sur d’autres matériels. Par ailleurs, le catalogue (40 000 titres) est encore trop limité.

Une attention particulière a été portée sur la simplicité d’utilisation, et l’aspect pratique. Une visite guidée permet de découvrir les différentes possibilités, ainsi qu’une aide détaillée. En page d’accueil, le test gratuit est mis en avant : le visiteur a la possibilité de télécharger un titre gratuit (lecture seule). Le visiteur peut s’il le souhaite écouter un extrait de 30 secondes pour chaque titre. Un autre argument est la présence de certaines des dernières nouveautés, téléchargeables avant même leur mise en vente chez les disquaires. On regrettera cependant le manque de valeur ajoutée, la plate-forme étant uniquement basée sur le téléchargement de titres.

 

 

5.1.2. VirginMega

Créé en 2002, VirginMega.fr[46] est aujourd’hui la première plate-forme de téléchargement à la carte de musique numérique en France avec environ 300 000 titres proposés. Les titres sont téléchargeables au format WMA.

VirginMega s’articule autour de 3 services dédiés à la musique :

·         L’espace Musique : titres et albums à écouter, à télécharger et à graver, extraits, clips et chroniques.

·         L’espace Mobile : catalogue de logos et sonneries pour personnaliser son téléphone portable

·         L’espace Billetterie : achat en ligne de billets pour concerts et spectacles.

 

La formule de téléchargement est unique : l’inscription est obligatoire pour pouvoir bénéficier du service. Aucun abonnement n’est proposé actuellement, et une double tarification est définie :

·         0,99 euros ou 1,19 euros pour 1 titre

·         9,99 euros ou 1,19 euros pour le téléchargement d’un album

 

Deux modes d’achat sont possibles :

·         L’achat Standard (mise au panier systématique des titres sélectionnés)

·         L’achat Express : procédé simplifié, pas de mise au panier.

 

Les moyens de paiement acceptés sont :

·         La carte bancaire

·         Le porte-monnaie VirginMega.fr, dans le cas de codes pré-payés, titres offerts ou bons cadeaux

·         La facture France Telecom : le montant des achats est facturé directement sur la facture de ligne fixe.

 

Conditions d’utilisations (DRM)

·         Écoute illimitée

·         3 gravures autorisées

·         3 transferts sur périphériques compatibles WMA

 

VirginMega, qui a récemment lancé son service de téléchargement, dispose d’une plus grande expertise dans la vente directe que son concurrent e-Compil. La gamme de services proposés est par conséquent beaucoup plus large, et les prix attractifs avec la possibilité de télécharger des albums pour seulement 10 à 12 euros. En phase de lancement (ouverture le 18 mai 2004), on peut se demander si les prix attractifs seront maintenus lorsque le marché sera lancé. On regrettera également l’obligation d’installer Windows Media Player pour pouvoir accéder aux titres. Un offre de plus de 500 000 titres est prévue avant la fin de l’année. VirginMega compte investir 30 millions d’euros dans les 3 prochaines années[47] pour rester compétitif face aux nouveaux concurrents (lancements de Sony Connect et iTunes Music Store en Europe).

 

5.1.3. Vitaminic

Créée en avril 1999, Vitaminic[48] est une plate-forme indépendante, qui dispose du plus grand catalogue légal de musique numérique en Europe. Le concept est original : faire cohabiter musiques gratuites et payantes, téléchargements libres et achats en ligne. Les internautes ont donc accès à des dizaines de milliers de fichiers provenant à la fois d’artistes anonymes et d’artistes célèbres. Les titres sont téléchargeables aux formats MP3 et WMA.

Le modèle s’articule autour de quatre activités de base :

·         L’offre aux internautes : morceaux en téléchargement gratuit ou payant, abonnements, vente de compilations ou de CD…

·         L’aide aux artistes : les artistes ont la possibilité de promouvoir et vendre leur musique sur Vitaminic, qui en contrepartie demande un partage des recettes sur les ventes à hauteur de 50%.

·         Les services aux entreprises : services de musique numérique, fourniture de contenu et d’infrastructures technologiques…

·         Services destinés à l’industrie musicale : campagnes sur mesure, outils de marketing viral, services d’édition numérique grâce à ses filiales…

 

Les formules

1. Abonnement

Deux formules d’abonnement ont été définies :

·         6 mois d’accès illimité pour 50 euros.

·         1 an d’accès illimité pour 80 euros.

Contrairement aux offres d’e-Compil, l’accès est ici illimité. Après avoir souscrit à un  abonnement, l’utilisateur peut télécharger autant de morceaux qu’il le souhaite, sans coût supplémentaire. Le paiement se réalise par carte bancaire (connexion sécurisée).

Il n’est pas possible de télécharger le même fichier plus de trois fois au cours d’un abonnement.

 

2. Téléchargement de titres

En fonction des accords passés avec les artistes et les maisons de disques, certains titres sont gratuits, les autres sont à des prix très variables.

Conditions d’utilisation

·         3 gravures maximum

·         3 transferts autorisés

 

Le catalogue est riche et varié, avec près de 90 000 artistes classés en plus de 250 genres musicaux, et environ 1 400 labels représentés, pour un total de près de 400 000 titres. Malheureusement, il est majoritairement axé sur les artistes indépendants. Les majors n’ont placé que très peu de titres sur le service, ce qui réduit la cible visée et retarde l’adoption par le grand public. De ce fait, les abonnements illimités ont pour le moment une utilité réduite. En outre, le manque de clarté dans la présentation des différentes offres proposées (abonnements, titres gratuits) et les utilisations autorisées (limitations de copie, transferts…) ne permet pas de stimuler l’inscription au service.

Vitaminic n’en reste pas moins une plate-forme incontournable pour découvrir des artistes méconnus, qui de leur côté bénéficient d’une couverture médiatique intéressante. Ils ont la possibilité de laisser certaines informations sur leur page (biographie, concerts et actualité) et de fidéliser leur public (mailing list, adresse e-mail).

Le groupe parvient à trouver un compromis pour satisfaire à la fois les ayants droit et les internautes amateurs de musique, grâce à une plate forme hybride. Le groupe, présent aux Etats-Unis ainsi que dans 9 pays européens, s’appuie sur un réseau solidement implanté, avec chaque mois 10 millions de pages vues et 2 millions de visiteurs uniques sur l’ensemble du réseau. 50% des revenus des titres téléchargés sont reversés aux artistes, en plus des royalties cédées aux sociétés de gestion collective.

Les 25-35 ans constituent la cible principale du réseau Vitaminic. Les autres classes d’âge se manifestent davantage lors d’actions promotionnelles. A l’image d’e-Compil, on observe une forte fréquentation masculine (75%).

La communication s’appuie d’une part sur l’aspect novateur et avant-gardiste, avec notamment le slogan « Vitaminic, the music evolution », et d’autre part sur l’aide apportée aux artistes indépendants. Le groupe a par ailleurs développé le merchandising et met à disposition des produits dérivés, et peut s’appuyer sur plus de 40 accords de partenariat à travers le monde (portails Internet).

 

Les services basés sur la protection du contenu se multiplient, avant sans doute de donner lieu à une phase d’écrémage. Ils ont pour principal inconvénient de restreindre les activités des consommateurs associées à l’œuvre. Il existe cependant une alternative pour remédier à ce problème.

 

5.2. Le modèle du gratuit

Ce modèle introduit la notion de « copyleft » que l’on peut traduire par « droit libre », par opposition à celle de « copyright » ou « droit d’auteur », consiste pour un auteur à donner à toute autre personne l’autorisation de copier ou diffuser son œuvre. La seule condition est de respecter ses droits moraux en associant systématiquement et lors de chaque utilisation le nom de l’auteur à l’œuvre qu’il a créée. Ce modèle est déjà très courant dans le monde des logiciels, avec le mouvement « Open Source » (Logiciels libres). Le modèle du gratuit est entre autres à l’origine du système d’exploitation Linux.

Cette logique s’appuie sur la licence GNU (General Public Licence). Si on reprend l’exemple des logiciels, cette licence libre de droits permet à tous les utilisateurs de participer à la création et à l’amélioration du programme. Les codes sont totalement accessibles et chacun peut apporter sa contribution.

Dans l’univers musical, certains artistes se sont laissés séduire par le concept, et ont choisi de diffuser leurs créations sous « copyleft », parfois même sur les réseaux peer-to-peer. Dans ce cas, non seulement le téléchargement de l’œuvre n’est pas illégal, mais il est vivement souhaité, car il s’agit sans doute du meilleur moyen pour un artiste peu soutenu de se trouver un public sans se ruiner.

Parmi les services légaux qui adhèrent à cette philosophie, nous prendrons l’exemple de Magnatune[49]

Ce label affiche une position extrême, en proposant l’ensemble de son catalogue gratuitement. Magnatune souhaite laisser la liberté à l’internaute d’écouter un titre avant de l’acheter, afin de l’évaluer. Si la musique lui plaît, il a la possibilité d’acheter l’album en définissant lui-même le prix qu’il déboursera pour cet achat, dans une fourchette oscillant entre 5 et 18 euros. Les revenus sont ensuite partagés équitablement entre le label et l’artiste.

Les coûts de fonctionnement de ce projet créé « par des musiciens, pour des musiciens » sont réduits, mais les recettes sont tout aussi limitées. C’est pourquoi les visiteurs sont encouragés à partager leurs fichiers, afin d’en élargir la diffusion. Le merchandising (produits dérivés tels que des T-Shirts, casquettes, tapis de souris…) apporte une source de revenus supplémentaires.

Toutes les œuvres gérées par Magnatune.com appliquent les licences définies par Creative Commons[50]. Ces licences autorisent des utilisations dérivées des œuvres (reprise, remix, sampling…), gratuitement si elles sont réalisées dans un but non commercial. Dans le cas contraire, les revenus seront partagés avec l’auteur de l’œuvre originale.

A l’image de ce que représente le format WMA pour les DRM, le modèle du gratuit a lui aussi son format de prédilection : l’Ogg Vorbis. Il est totalement libre de droit, ses codes étant à disposition du public.

L’efficacité de ce modèle est très difficile à évaluer dans la mesure où ces projets sont très peu soutenus, voire combattus par les différents acteurs du marché.

Les deux modèles ne sont pas incompatibles, et aucun n’est plus approprié que l’autre. Un compromis doit être trouvé entre une gestion stricte des droits qui restreint dangereusement l’utilité du produit, et un abandon des droits qui ne permet pas une juste rémunération pour les auteurs. Ces derniers doivent pouvoir choisir, selon leur situation, le modèle qui leur convient le mieux. Certains services de musique en ligne ont choisi de relever un défi audacieux en associant musique gratuite et payante sur leur plate-forme. Cette solution constitue vraisemblablement la meilleure transition vers un passage de la musique au numérique, qui prendra encore de nombreuses années. En attendant, il est capital de cerner les différentes logiques liées à l’utilisation des fichiers de type MP3 et les tendances qui peuvent se dégager. Ce sont précisément ces interrogations qui nous ont conduit à mener l’enquête présentée au point suivant.

 

 

6. Enquête sur les utilisateurs de MP3

 

6.1. Objectifs de l'étude

Notre but est d'analyser le succès des formats de fichiers numériques dans le domaine musical, à travers l'exemple du MP3, que l'on peut considérer comme étant le format "standard" à l'heure actuelle. Nous étudierons donc le comportement des utilisateurs de MP3 à travers différents thèmes (habitudes de navigation, habitudes musicales, perception de l’offre, utilisation du MP3 et profil socio-démographique) afin de mieux comprendre et identifier les changements dans les modes de consommation et leurs répercussions sur le marché du disque.

6.2. Date du terrain

L'enquête s'est déroulée sur une période de 6 semaines, du 14 mars au 25 avril 2004, par questionnaire en ligne auprès de 230 internautes utilisateurs de fichiers MP3.

6.3. Méthodologie

6.3.1. Collecte des données secondaires

Dans un premier temps, nous avons procédé à une étude documentaire afin d'apprécier avec précision les différents aspects de la problématique : les spécificités du marché, les nouvelles technologies, le cadre juridique, le piratage, le peer-to-peer, les enjeux pour chacun des acteurs... Nous nous sommes d'abord concentrés sur les articles académiques pour disposer de bases théoriques, puis sur les études réalisées sur le sujet. Les articles de presse sont un complément indispensable pour suivre l'actualité d'un secteur en mutation permanente.

Nous avons ensuite réalisé une analyse de contenu à partir de réactions et commentaires recueillis sur quelques sites Internet et forums de discussion. Cela nous permet de mieux identifier les points-clé de la question à étudier.

Pour préparer notre enquête, nous nous sommes principalement inspirés des travaux réalisés en 2000 par l'équipe de recherche de l'Université Laval au Québec[51].

 

6.3.2. Collecte des données primaires

Choix de l'outil

Le questionnaire en ligne est sans doute le moyen le plus adapté à la collecte de nos données, notre cible étant composée exclusivement d'internautes. En outre, le sujet de l'enquête est relativement sensible compte tenu du caractère illégal de certaines pratiques abordées. Un questionnaire auto-administré est donc indispensable pour réduire la méfiance des répondants quant à l'anonymat des réponses.

Détails techniques

Pour recueillir les réponses, nous utilisons la technologie PHP/MySQL :

·         Un fichier HTML qui contient le questionnaire.

·         Une page de confirmation d'envoi du questionnaire qui capte les réponses saisies et les enregistre dans la base de données.

Un marqueur a été placé sur la page du questionnaire pour suivre avec précision le nombre de fois où le document est consulté. Cette donnée est fondamentale dans la mesure où elle nous permet d'évaluer le taux de réponse. Avec un maximum de 454 affichages uniques et 230 questionnaires exploitables, le taux de réponse dépasse donc les 50%, ce qui est relativement satisfaisant pour ce type d'enquête.

Nous avons également souhaité limiter la longueur du questionnaire pour éviter les phénomènes de lassitude, tout en conservant un nombre suffisant de variables pour mener à bien notre analyse. Il est en effet fréquent dans les enquêtes en ligne de voir dans ce cas des répondants abandonner au milieu de l'enquête. Cette limite a été fixée à une trentaine de questions.

Concernant l'affichage des modalités, nous avons opté pour les cases à cocher, qui offrent une meilleure visualisation et sont très faciles d'utilisation.

 

6.3.3. Echantillonnage

Population à étudier

Deux options étaient envisageables : s'adresser à la population d'internautes dans son ensemble et comparer les utilisateurs de MP3 aux autres internautes, ou se limiter aux seuls utilisateurs de MP3. Pour des raisons pratiques, la deuxième solution a été retenue.

Taille de l'échantillon

L'objectif initial était de recueillir 200 questionnaires correctement remplis dans les délais prédéfinis, à savoir 6 semaines. Nous en avons finalement obtenu 230.

Type d'échantillonnage

Les lacunes en termes de représentativité de l'échantillon constituent le principal inconvénient des études en ligne. On ne peut jamais savoir avec certitude que la personne qui répond est bien celle que l'on souhaite interroger. De plus, il est a priori impossible d'obtenir des données précises quant à la population des utilisateurs de MP3.

Nous avons donc utilisé la méthode du sondage ciblé : il s'agit de s'assurer que la personne interrogée appartient à la cible visée. Bien qu'étant la méthode la moins représentative au sens statistique, elle rend l'échantillon parfaitement opérationnel et fiable puisqu'elle touche des individus directement concernés par la question étudiée.

Dans notre cas, nous avons ciblé principalement les étudiants et les jeunes. D'après la recherche documentaire réalisée précédemment, cette population regroupe la majorité des utilisateurs de MP3.

Pour le recrutement de notre échantillon, nous avons pris une double orientation. D'une part l'envoi d'un courrier électronique contenant un lien vers le questionnaire, à destination d'une population d'étudiants; et d'autre part un message présentant l'étude, posté dans différents forums de discussion ciblés jeunes et "high-tech".

 

6.3.4. Elaboration du questionnaire

Présentation

Les 33 variables sont regroupées en 5 grandes catégories :

1. Habitudes de navigation (8 questions)

Variables : expérience et intensité de navigation, lieu et type de connexion, utilisation du peer-to-peer, achats sur Internet dont CD et téléchargements payants.

2. Habitudes musicales (6 questions)

Variables : importance de la musique, mode d'écoute préféré, nombre de MP3 téléchargés, nombre de CD achetés, nombre de concerts, évolution de l'achat de CD.

3. Perception de l'offre (9 questions)

Variables : intérêt pour le paiement au titre, intérêt pour l'abonnement mensuel, intérêt pour la commande d'albums en ligne, prix pour un titre, prix pour un CD, sentiment de culpabilité, perception du risque, perception de l'offre, perception des majors

4. Utilisation du MP3 (6 questions)

Variables : niveau en informatique, avantages du MP3, encodage de CD au format MP3, utilisation des fichiers encodés, distribution des fichiers sur Internet, vente de MP3.

5. Profil socio-démographique (4 questions)

Variables : sexe, tranche d'âge, occupation, pays.

 

6.3.5. Test

Le questionnaire a été testé auprès de 6 personnes correspondant au profil recherché dans notre cible. Cette étape est indispensable pour s'assurer que les questions sont bien comprises par les répondants, qu'elles permettent de fournir l'information recherchée, ou qu'aucun élément important n'a été oublié. Nous avons tenu compte des critiques émises pour corriger certains points défaillants : précision des questions, inversement de polarités...

 

6.4. Analyse univariée

1. Profil des répondants

L'échantillon se compose de 230 internautes ayant déjà utilisé et téléchargé des fichiers audio de type MP3.

Ces individus ont entre 10 et 44 ans, avec une grande majorité (91,3%) de 15-29 ans. On retrouve dès lors près de 60% d'étudiants.  La population de base des consommateurs de musique en ligne est généralement âgée de 15 à 35 ans.

Environ 9 répondants sur 10 sont des hommes[52].

89% des répondants sont Français. Les autres sont principalement originaires de Belgique, et de Suisse.

 

2. Habitudes de navigation

On observe une majorité d'internautes expérimentés : 65% d'entre eux utilisent Internet depuis 4 ans et plus. Seuls 6% naviguent depuis moins de 2 ans sur le réseau.

Leur utilisation est souvent intensive puisque plus de la moitié consacrent plus de 100 heures par mois à la navigation sur Internet. Seuls 9% y passent en moyenne moins d'une heure par jour. La moyenne nationale est d'environ 18 heures par mois[53].

La plupart des répondants (93%) disposent d'une connexion à domicile. Quant à la connexion, plus de 90% sont équipés en Haut Débit. Rappelons à titre de comparaison que la moyenne nationale française se situe début 2004 aux alentours de 33%[54].

En moyenne, la proportion de fichiers de type mp3 qui proviennent des réseaux Peer-to-Peer est de 63%. La médiane se situe à 80%, le mode à 100% (16,1% de l'effectif).

Seuls 6,5% n'utilisent jamais les réseaux P2P pour leurs téléchargements de mp3.

85,7% des répondants ont déjà effectué au moins un achat sur Internet. Parmi eux, la moitié (ou 42,2% de l'échantillon total) a déjà acheté un album en ligne. Quant au téléchargement payant, seuls 3 à 4% ont franchis le pas. 

 

3. Habitudes musicales

Pour 7.5% des personnes interrogées, la musique a peu ou pas d'importance.

Concernant le matériel privilégié pour écouter de la musique, l'échantillon est partagé entre la chaîne Hi-Fi (44,1%) et l'ordinateur (40,2%).

Le nombre de fichiers de type MP3 téléchargés chaque mois s'élève à 53 par personne (les données extrêmes ont été supprimées pour un résultat plus pertinent). La médiane se situe à 20 fichiers, le mode à 10 (16,1% de l'effectif). Le tiers de l'effectif télécharge entre 10 et 20 fichiers mp3 par mois. Toutefois nous ne savons pas dans quelle proportion ces fichiers sont conservés.

Le nombre moyen de CD Audio achetés chaque année se situe entre 9 et 10 par personne. La médiane se situe à 5 CD. Plus de 20% des répondants n'achètent pas ou plus de CD. 46,5% achètent moins de 4 CD par an.

En moyenne, les répondants assistent à 3 concerts par an. Un tiers d'entre eux n'assistent à aucun concert. La médiane se situe à 1. Environ 8% se déplacent au moins une fois par mois pour voir un concert.

A propos de l'évolution du nombre de CD achetés depuis l'accès aux MP3, 98 répondants (soit 42,6%) affirment ne pas avoir modifié leur comportement d'achat. Un tiers des personnes interrogées avouent acheter moins de CD qu'auparavant, tandis que pour les 24% restant, le téléchargement de MP3 a eu un effet bénéfique, voire poussé à l'achat de CD. (Des chiffres publiés par l'IFPI[55] montraient des résultats comparables : 27% des personnes qui téléchargent illégalement ont diminué leurs achats dans le domaine musical, pour seulement 15% qui ont augmenté leur consommation).

Nous avions constaté précédemment qu'un répondant sur 5 n'achète pas de CD. En parallèle, nous voyons que 21,3% en achètent beaucoup moins depuis qu'ils utilisent les MP3. On peut donc imaginer que pour une majorité d'entre eux, le téléchargement a remplacé totalement l'achat de CD (Nous vérifierons cette hypothèse avec l'analyse multivariée). Avant de tirer des conclusions hâtives, il semble nécessaire de comprendre les raisons de ce phénomène. Les questions portant sur la perception de l'offre devraient à ce titre apporter un complément d'information.

 

4. Perception de l’offre

37% des interrogés rejettent le paiement au titre. Seul un tiers manifeste de l'intérêt, dont moins de 10% très intéressés.

Note moyenne (sur une échelle de 1 à 5) : 2,52

29.1% ne sont pas du tout convaincus par la formule d'abonnement mensuel pour leurs téléchargements. Cependant, 19.6% y adhèrent complètement. Les appréciations sont donc très partagées entre les individus intéressés et les autres.

Note moyenne (sur une échelle de 1 à 5) : 2,89

La commande d'albums est la formule d'achat en ligne la plus convaincante, ce qui s'explique sans doute par le fait que ce service est déjà disponible depuis un certain temps, contrairement aux deux autres beaucoup plus récents et très peu utilisés pour le moment.

Note moyenne (sur une échelle de 1 à 5) : 3,02

Il est d'ailleurs utile de comparer ces chiffres avec ceux portant sur les achats en ligne : 41% sont plus ou moins intéressés par l'achat de CD en ligne, ce qui coïncide avec les 42,2% qui ont déjà utilisé ce service. Par contre, 3% seulement ont déjà utilisé les services de téléchargement payant. Etant donné qu'environ un tiers des répondants montrent un intérêt pour le paiement au titre et l'abonnement mensuel, le marché de la musique en ligne semble donc présenter un fort potentiel de développement.

Le prix juste pour le téléchargement d'un titre au format MP3 serait de 0 ,75 euros. (les valeurs nulles et extrêmes ont été ignorées pour un résultat plus représentatif). La médiane ainsi que le mode (35,6% des répondants) se situent à 0,50 euros. Plus du quart des répondants a estimé ce prix à 1 euro, raison pour laquelle la moyenne est élevée par rapport au mode et à la médiane. 

Pour l'achat d'un album, le prix considéré comme juste se situe, d'après la moyenne des réponses, à 11,17 euros. La médiane et le mode (38,8%) sont à 10 euros. Rappelons que les prix pratiqués à la sortie d'un album dépassent régulièrement les 20 euros.

Plus de 70% de l'échantillon estime que le téléchargement illégal ne pénalise pas ou peu l'industrie musicale. On observe un sentiment de culpabilité dans 8% des cas. 

La prise de risque en cas de téléchargement illégal est considérée comme nulle ou faible dans 70% des cas. Il est à noter que les actions en justice contre le piratage se sont intensifiées ou du moins sont davantage médiatisées, ce qui ne semble pourtant pas avoir de réel effet dissuasif. En revanche, ces procédures risquent d'avoir un impact négatif sur l'image véhiculée par l'industrie du disque dans son ensemble, comme le laissent penser les questions suivantes.

Près de 6 personnes sur 10 trouvent que l'offre n'est pas du tout adaptée à leurs attentes (86.6% d'insatisfaction au total). Seuls 4% sont satisfaits ou très satisfaits, les autres n'ont pas d'opinion précise sur le sujet.

8 répondants sur 10 ont une image négative ou très négative des grandes maisons de disques.

 

5. Utilisation du MP3

L'expérience de l'échantillon en matière de navigation se confirme quant aux compétences dans le domaine informatique : 80% estiment avoir un bon ou très bon niveau.

Les principales raisons qui motivent les utilisateurs de MP3 sont :

1.      La découverte de nouveaux artistes (cité par 79.1% des répondants)

2.      La possibilité de se procurer des titres introuvables dans le commerce (73.9%)

3.      La possibilité d'écouter de la musique sur ordinateur et ainsi éviter la manipulation de CD (67.4%)

4.      La possibilité d'acquérir uniquement les titres souhaités (62.6%)

(Plusieurs réponses étant possibles, le total dépasse les 100%).

Il est nécessaire de souligner que le fait de pouvoir obtenir gratuitement de la musique n'est cité qu'en 7ème position sur les 12 modalités proposées (47%). Pour plus de la moitié des répondants, la gratuité ne constitue pas un avantage déterminant pour justifier l'utilisation de fichiers de type MP3. Etant donné la facilité d'accès ainsi que la faible perception du risque, nous pouvions attendre un chiffre nettement supérieur. Par ailleurs, un quart des répondants avoue que télécharger des MP3 leur permet de marquer leur mécontentement envers les offres proposées dans le commerce.

89.1% des personnes interrogées ont déjà encodé des plages de CD Audio au format MP3. La plupart d'entre eux (88.3%) utilisent les fichiers ainsi créés pour leur usage personnel uniquement.

47% des individus avouent avoir déjà distribué des fichiers MP3 sur Internet, mais 96.1% n'ont jamais tiré profit des fichiers qu'ils possèdent.

 

6.5. Analyse multivariée

Les hommes de l'échantillon sont plus expérimentés que les femmes dans le domaine informatique : 36.1% des hommes se situent au niveau "expert" (0 chez les femmes) tandis que près de 73% des femmes se placent au niveau "débutant" ou "intermédiaire" (14.9% chez les hommes, 0 débutant). L'encodage et les achats en ligne confirment cette tendance.

78.9% des hommes passent en moyenne plus de 2h/jour sur Internet, contre seulement 27.3% des femmes. Cette différence se reflète sur le nombre de fichiers téléchargés : la moyenne de fichiers téléchargés chaque mois est de 56 pour les hommes contre seulement 22 pour les femmes. Près de 31% des hommes pensent que le téléchargement illégal ne porte aucun préjudice à l'industrie musicale (contre 9% des femmes). En revanche, le risque est perçu de façon équivalente. Concernant le nombre de CD achetés, on n'observe pas de différence. La moitié des femmes achètent moins de CD depuis qu'elles téléchargent des MP3, contre 31.7% des hommes.

Le prix pour un titre au format MP3 est estimé à 0.73 euros pour les hommes et 0.88 euros pour les femmes.

63% des hommes trouvent que l'offre n'est pas du tout adaptée à leurs attentes (27.3% pour les femmes). 51.9% des hommes ont une vision très négative des "majors" contre seulement 9.1% des femmes, qui adoptent une position neutre dans 54.5% des cas.

Les femmes préfèrent écouter leur musique sur une chaîne Hi-Fi (63.6%), alors que les hommes sont partagés entre l'ordinateur (43%) et la chaîne Hi-Fi (42%).

Des différences ressortent nettement quant à l'utilisation du MP3. Les hommes sont principalement axés sur la découverte (les 2 premières modalités citées sont "découvrir de nouveaux artistes" et "avoir accès à des titres introuvables dans le commerce"). Les femmes sont principalement intéressées par la possibilité de personnaliser sa collection (les 2 items qui se détachent sont "réaliser vos propres compilations" et "acquérir uniquement les titres qui vous plaisent").

Les achats par Internet augmentent avec l'âge : tous les répondants âgés de 25 ans et plus ont effectué au moins un achat en ligne (77.6% pour les 10-19 ans).

On observe une relation entre l'âge du répondant et l'évolution de l'achat de CD (cette relation n'est pas significative d'un point de vue statistique)  . Plus l'individu est jeune, plus les fichiers téléchargés remplacent l'achat de CD. Il existe en revanche une relation significative entre l'âge et le nombre de CD achetés : les 30 ans et plus achètent 2 fois plus de CD que les 10-24 ans. Les 10-29 ans assistent à 2 ou 3 concerts par an, les 30 ans et plus s'y rendent près de 8 fois.

En revanche, l'utilisation du peer-to-peer pour télécharger des MP3 diminue fortement avec l'âge : près de 80% des fichiers téléchargés par les 10-19 ans proviennent des réseaux de partage de fichiers. Ce chiffre se situe aux alentours de 60% pour les 20-29 ans tandis qu'il chute à 46% chez les 30 ans et plus.

Le prix pour un titre augmente avec l'âge : 0.69 euros pour les 10-19 ans, 0.73 pour les 20-24 ans, 0.76 pour les 25-29 ans et plus de 1 euro pour les 30-44 ans. Le prix du CD est par contre assez proche pour chaque tranche d'âge.

Pour les plus jeunes, la gratuité, la possibilité de réaliser ses compilations et d'utiliser un baladeur MP3 sont les critères les plus importants. Pour les 30-44 ans, ce sont la découverte et l'écoute avant l'achat.

Le niveau en informatique est justifié par le nombre d'années et l'intensité de la connexion à Internet : 62.2% des experts ont une expérience de plus de 5 ans et 72% surfent plus de 100h/mois. Environ 90% des "confirmés / experts" ont déjà réalisé des achats par Internet, contre 70% pour les autres.

La pratique de l'encodage est liée significativement au niveau en informatique : 29.8% des "débutants / intermédiaires" n'ont jamais encodé de CD au format MP3. Ce chiffre descend à 7.4% pour les "confirmés" et 4% pour les "experts".

Le nombre de fichiers téléchargés augmente avec le niveau en informatique. Les "débutants / intermédiaires" téléchargent 29 fichiers par mois, les "confirmés" 45 fichiers et les experts 78.

Les "débutants/intermédiaires" achètent en moyenne 11 CD par an, les autres seulement 8. Cette différence n'est toutefois pas imputable au téléchargement : 29.3% des "experts" ont diminué leur achat de CD contre 33.5% pour la totalité de l'échantillon. On ne peut d'ailleurs pas établir de relation entre le niveau en informatique et l'évolution de l'achat de CD. 

Les "débutants/intermédiaires" écoutent principalement leur musique sur chaîne hi-fi (65.2%). Plus les compétences augmentent, plus on privilégie l'ordinateur. Le fait de pouvoir accéder à sa collection en évitant le changement de CD est particulièrement apprécié par les utilisateurs plus expérimentés.

97.1% des salariés ont déjà effectué un achat en ligne (sans emploi : 91.3%, étudiants : 79.1%).

Les étudiants téléchargent en moyenne 49 fichiers MP3 par mois, les salariés 57 et les personnes sans emploi 68.

Concernant le nombre de CD achetés par an, il est de 7 pour les étudiants, 9 pour les sans emploi et 10 à 11 pour les salariés. Bien qu'ils téléchargent moins de fichiers, les étudiants recherchent davantage la gratuité.

Les personnes sans emploi, catégorie pour laquelle le téléchargement de MP3 a un effet assez positif sur l'achat de CD (47.8% achètent davantage de CD contre 21.7% qui en achètent moins), sont pourtant les plus mécontentes de l'offre : 87% trouvent que les efforts de l'industrie musicale sont très insuffisants et plus de 82% ont une image très négative des majors. Les étudiants sont les plus nuancés (40.3%, 53.7%).

Le prix pour un titre téléchargé est estimé à 0.67 euros par les sans emploi, 0.72 par les étudiants et 0.83 par les salariés. Les prix pour un album sont en revanche assez proches.

Les répondants qui ont déjà encodé des plages de CD au format MP3 achètent en moyenne 9 CD par an contre 5 à 6 pour les autres. Ils téléchargent beaucoup plus de fichiers (58 par mois contre 14) et évaluent le prix d'un titre à 0.73 euros (0.90 pour les autres). Le prix pour un CD est quasiment identique.

Toutes les personnes interrogées qui ont avoué acheter beaucoup plus de CD depuis qu'ils utilisent les MP3 ont déjà encodé des plages de CD au format MP3. Parmi les personnes qui n'ont jamais encodé de plages de CD, 36% n'ont jamais acheté en ligne.

L'évolution de l'achat de CD est liée à la sensibilité au prix : ceux qui achètent davantage sont prêts à payer 12 euros pour un CD, les autres 11 euros (moins de 10 euros pour ceux qui achètent en beaucoup moins).

Les plus mécontents sont paradoxalement ceux qui ont fortement augmenté leur consommation. La musique occupe une place très importante pour eux, raison pour laquelle ils continuent à acheter. A l'inverse, les répondants qui ont fortement réduit leur achat de CD sont ceux pour qui la musique est moins importante.

Ceux qui achètent beaucoup moins de CD téléchargent en moyenne 90 fichiers MP3 par mois et achètent 1 à 2 CD par an. Ceux qui achètent autant qu'avant téléchargent 36 fichiers par mois et achètent 7 à 8 CD par an. Ceux qui achètent beaucoup plus de CD téléchargent 70 fichiers par mois et achètent 19 CD chaque année.

Parmi les répondants qui n'achètent plus aucun CD, environ la moitié (51%) en achetaient régulièrement avant d'utiliser les MP3. A l'inverse, plus de 40% n'en achetaient pas. Pour les autres, l'achat de CD était assez rare.

Pour ceux qui achètent moins de CD, deux tendances d'utilisation se dégagent : d'une part on recherche la gratuité, d'autre part on adopte le format numérique jugé plus avantageux que le support physique. On ressent une volonté de gérer et personnaliser sa collection.

Parmi ceux qui téléchargent des MP3 pour obtenir des titres gratuitement, seuls 51% d'entre eux achètent moins de CD. Ces derniers téléchargent en moyenne 80 fichiers MP3 par mois contre seulement 39 pour les autres.

Les personnes qui achètent davantage de CD depuis qu'ils utilisent les MP3 téléchargent des fichiers pour découvrir de nouveaux artistes, écouter un album avant de l'acheter et obtenir des titres introuvables dans le commerce. Ils voient en Internet un outil complémentaire qui permet d'avoir accès à un répertoire plus large.

Ceux qui téléchargent des MP3 pour obtenir gratuitement de la musique se procurent 76 fichiers par mois contre 33 pour les autres. Plus du tiers d'entre eux ont fortement diminué leur achat de CD (16% de l'échantillon total), ils téléchargent plus de 100 fichiers par mois et achètent 1 à 2 CD par an en moyenne (la moitié n'en achètent plus).

Les répondants qui disposent d'une connexion par modem téléphonique (56K et moins) achètent près de 14 CD par an. Les connectés en haut débit n'achètent que 8 CD par an. (Ces chiffres sont à prendre avec précaution car seulement 16 personnes parmi l'échantillon ont une connexion par modem).

Les individus qui préfèrent écouter leur musique sur une platine de salon téléchargent autant que ceux qui privilégient l'ordinateur mais achètent plus de CD (11 à 12 contre 6 à 7 par an).

Le nombre de fichiers téléchargés et le nombre de CD achetés sont faiblement corrélés, de manière significative. Le nombre de fichiers téléchargés n'influence donc pas négativement l'achat de CD. Par ailleurs, il y a anti-corrélation significative entre le nombre de CD achetés et le pourcentage de fichiers provenant du peer-to-peer. Plus on achète de CD, moins les fichiers téléchargés proviennent des réseaux peer-to-peer. Les utilisateurs ont recours à d'autres sites de téléchargement, découvrent des artistes méconnus et achètent par la suite.

 

6.6. Limites de l’étude

6.6.1. Représentativité

Il est très difficile de déterminer si notre échantillon est représentatif de la population étudiée, à savoir les utilisateurs de MP3, dont on ne connaît pas précisément le profil. Par conséquent, les résultats obtenus dans cette étude ne sont pas généralisables à l'ensemble de la population,

6.6.2. Omissions

Malgré l'attention apportée à la préparation du questionnaire, certains aspects de la problématique n'ont pas été traités :

·         La fiche signalétique en fin de questionnaire a été volontairement réduite pour ne pas mettre en doute l'anonymat des réponses.

·         L'évolution du téléchargement n'a pas été prise en compte.

·         Nous ne savons pas quelle est la proportion des fichiers qui sont conservés.

·         La distinction n'a pas été faite entre les fichiers libres de droits et ceux téléchargés illégalement : tous les fichiers en téléchargement libre ne sont pas illégaux.

·         Il aurait été utile de connaître les arbitrages réalisés entre l'achat de CD et d'autres produits. La concurrence des DVD, par exemple, a vraisemblablement un impact sur les ventes de CD.

 

6.7. Conclusion

D'après notre échantillon, les hommes sont plus expérimentés que les femmes en termes de navigation et de compétences informatiques. Cette différence de niveau semble avoir des implications sur les modes de consommation : les individus expérimentés utilisent davantage leur ordinateur pour leurs pratiques musicales et téléchargent plus de fichiers, sans que cela ne se traduise par une diminution des achats. En effet, leur utilisation des MP3 est principalement basée sur la découverte.

A la lumière des différents résultats obtenus, on peut en déduire un impact indirect sur les ventes. En effet, les internautes avertis trouvent plus facilement l'information qu'ils recherchent. Ainsi, le téléchargement constitue une aide à la décision : le risque d'insatisfaction liée à l'achat est fortement réduit par la possibilité de "tester" le produit. Ils ont donc une meilleure connaissance du produit, et leurs achats seront par conséquent plus ciblés. Les internautes occasionnels auront une autre démarche : ils voient surtout le MP3 comme un moyen de créer des CD "à la carte".

L'industrie musicale semble être confrontée à une détérioration inquiétante de son image. Il est utopique pour une entreprise de maintenir le niveau de ses ventes si les consommateurs ne perçoivent pas le service ou le bénéfice attendu pour l'achat du produit. On observe un phénomène de rejet à l'encontre des majors, qui profite vraisemblablement aux jeunes artistes qui mettent gratuitement leur production à disposition des internautes afin de se faire connaître. Les consommateurs ne se sentent plus au centre des préoccupations et se tournent logiquement vers une solution plus avantageuse : le téléchargement. Il ressort cependant de cette étude que la gratuité ne constitue pas un élément déterminant, bien que les prix pratiqués soient deux fois trop élevés par rapport aux intentions d'achat. L'industrie du disque milite pour une diminution de la TVA à 5.5% qui permettrait de baisser les prix mais cette baisse serait peu perceptible (pour un CD à 20 euros TTC, le prix serait ramené à 17.65 euros). Par ailleurs il est peu probable que l'intégralité de cette baisse se répercute sur les prix. Les maisons de disque ne semblent pas disposées à prendre le risque de baisser leurs prix sans savoir si l'impact sur les ventes sera suffisant. Mais on peut se demander s'il est souhaitable de réduire le téléchargement dans la mesure où l'achat de CD semble suivre le nombre de fichiers téléchargés. Les individus qui n'oseront plus télécharger n'achèteront sans doute pas plus de CD et vont alors privilégier les indépendants.

Aussi il paraît nécessaire pour les maisons de disques d'apprivoiser les nouvelles technologies et développer leur offre sur Internet. Compte tenu du taux d'équipement en constante augmentation, il serait judicieux de profiter de ce nouveau média pour créer un outil complet (incluant d'autres services que le téléchargement), qui faciliterait considérablement l'accès à l'offre tout en réduisant certains coûts de fonctionnement. Les prix élevés des CD sont en partie justifiés par des coûts de promotion relativement importants. Mais cette promotion est en général concentrée sur un nombre d'artistes assez restreint, d'où l'impression d'une offre insuffisamment renouvelée, d'assez mauvaise qualité. On observe par conséquent que les consommateurs utilisent Internet afin de découvrir de nouveaux artistes et avoir accès à un assortiment beaucoup plus complet : informations, photos, vidéos, versions "Live", remix, etc. Ceci explique sans doute les débuts prometteurs des DVD musicaux par exemple, qui pour un prix quasi équivalent offrent davantage de possibilités.

 

 

Conclusion générale

Grâce à Internet et à la combinaison de nouvelles technologies telles que le MP3 et les réseaux peer-to-peer, des artistes en difficulté peuvent contourner la chaîne de valeur traditionnelle. Au lieu des 10 à 15% de rémunération qu’ils obtiennent pour chaque unité vendue, ce nouveau mode de distribution peut leur permettre de doubler leurs recettes en vendant directement leurs œuvres et en évitant les coûts de fabrication. Les consommateurs sont eux aussi gagnants dans la mesure où ils peuvent se procurer plus facilement leur musique, à moindre coût et faire encore bien plus comme créer eux-mêmes des fichiers. Ces nouvelles options qui s’offrent à eux ont modifié leurs habitudes de consommation, et fragilisé une industrie confrontée à un marché arrivé à maturité. L’arrivée du CD au début des années 80 a dopé les ventes pendant de longues années, mais aujourd’hui les fichiers numériques ont été adoptés par une majorité d’internautes. Ce qui est inquiétant, c’est que la plupart de ces fichiers circulent illégalement et l’ampleur du phénomène fait qu’il est très difficile à canaliser.

L’industrie musicale n’a pas été suffisamment réactive, pour ne pas avoir su anticiper ces nouvelles utilisations. Ce retard s’est traduit par une absence d’alternatives face aux réseaux peer-to-peer qui ont su séduire le consommateur. Le piratage s’est donc banalisé, et mise devant le fait accompli, l’industrie cherche dans un premier temps à tempérer le phénomène par des campagnes de sensibilisation, puis des vagues de répression. Le manque de considération ressenti par les internautes a dégradé l’image des maisons de disques, mais le lancement d’une offre en ligne demande du temps. Il semble cependant que les consommateurs soient disposés à opter pour les services légaux lorsque ceux-ci seront pleinement opérationnels.

Le modèle économique des services de musique en ligne repose essentiellement sur le contrôle du contenu, ce qui restreint les droits de l’utilisateur, qui ressent dès lors une certaine privation. Un compromis doit impérativement être trouvé entre les différents acteurs du marché. Les négociations de licences se traduisent par un cloisonnement de l’offre avec un catalogue qui est tributaire des maisons de disques avec qui un accord a été conclu. Or le consommateur n’utilisera le service que s’il trouve facilement ce qu’il recherche, à un coût abordable, en écoutant sa musique comme bon lui semble.

Le défi est de taille, mais le résultat dépendra probablement de la possibilité de mise en place d’un projet commun autour d’un portail multimédia à forte valeur ajoutée et la prise en compte d’une notion insuffisamment exploitée jusqu’ici : l’interactivité.

 

 

Bibliographie

 

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Sites Internet

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Baisse de la TVA : www.baissedelatva.com

BMG : www.bmg.com

Boycott RIAA : www.boycott-riaa.com

Buymusic : www.buymusic.com

Connect : www.connect.com

CPI (Code de la Propriété Intellectuelle) : http://legifrance.gouv.fr

Creative Commons : http://creativecommons.org

DDM (Direction du Développement des Médias) : www.ddm.gouv.fr

e-Compil : www.e-compil.fr

EMI : www.emigroup.com

eMusic : www.emusic.com

FING : www.fing.org

Forum des droits sur l’Internet : www.foruminternet.org

IFPI : www.ifpi.org

iTunes Music Store : www.apple.com/itunes

Journal du Net : www.journaldunet.com/dossiers/musiconline

KaZaA : www.kazaa.com

LEN : www.assembleenationale.fr/12/dossiers/economie_numerique.asp

Liquid : www.liquid.com

Magnatune : www.magnatune.com

Médiamétrie : www.mediametrie.fr

Ministère de la Culture et de la Communication : www.culture.gouv.fr

MusicMatch : www.musicmatch.com

MusicNet : www.musicnet.com

MusicNow : www.musicnow.com

Music United : www.musicunited.org

Musique Libre : www.musique-libre.com

Napster : www.napster.com

OD2 : www.ondemanddistribution.com

Pro-Music : www.pro-music.org

RealPlayer Music Store : www.real.com/musicstore

Rhapsody : www.listen.com

RIAA : www.riaa.com

SACD : www.sacd.fr

SACEM : www.sacem.fr

SDMI : www.sdmi.org

SNEP : www.disqueenfrance.com

Sony Music : www.sonymusic.com

SPPF : www.sppf.com

Universal Music : www.umusic.com

VirginMega : www.virginmega.fr

Vitaminic : www.vitaminic.fr

Warner Music Group : www.wmg.com

Wippit : http://wippit.com

 

 

Annexes

 

QUESTIONNAIRE ET RÉSULTATS

 

Enquête sur les utilisateurs de MP3

Cette enquête, réalisée dans le cadre d'un mémoire de fin d'études pour le compte de l'IUP Marketing Vente de Lille, vise à déterminer l'impact du MP3 sur la consommation de musique.

Pour être en mesure de répondre au questionnaire, vous devez déjà avoir utilisé et téléchargé des documents audio au format MP3.

Vos réponses resteront strictement anonymes, aucune donnée ne sortira du cadre de cette enquête. Pour toute information complémentaire, nous contacter.

Nous vous prions de bien vouloir répondre à l'ensemble des questions requises avant de soumettre le questionnaire. Nous vous remercions de votre participation à cette enquête. Si vous désirez recevoir un résumé des résultats lorsque nous aurons compilé les données, vous aurez la possibilité d'en faire la demande une fois le questionnaire complété.

***************************************

HABITUDES DE NAVIGATION

1. Depuis combien d'années naviguez-vous sur Internet?

Depuis moins d'un an (1, 0.4%)

Entre 1 et 2 ans (12, 5.2%)

Entre 2 et 3 ans (26, 11.4%)

Entre 3 et 4 ans (41, 17.9%)

Entre 4 et 5 ans (61, 26.6%)

Depuis plus de 5 ans (88, 38.5%)

(Non réponses : 1)

 

2. En moyenne, combien d'heures par mois passez-vous sur Internet?

0 à 10 heures par mois (2, 0.9%)

11 à 20 heures par mois (11, 4.8%)

21 à 30 heures par mois (8, 3.5%)

31 à 40 heures par mois (10, 4.3%)

41 à 50 heures par mois (13, 5.7%)

51 à 60 heures par mois (15, 6.5%)

61 à 70 heures par mois (13, 5.7%)

71 à 80 heures par mois (14, 6.1%)

81 à 90 heures par mois (9, 3.9%)

91 à 100 heures par mois (7, 3.0%)

Plus de 100 heures par mois (128, 55.6%)

 

3. Vous téléchargez principalement vos fichiers MP3 depuis :

votre domicile (213, 93.0%)

une école / université (3, 1.3%)

votre lieu de travail (2, 0.9%)

chez des amis / famille (9, 3.9%)

autre (2, 0.9%)

(Non réponses : 1)

 

4. Avec quelle connexion ?

Modem téléphonique (16, 7.0%)

Haut débit (ADSL, câble…) (209, 91.3%)

Ne sais pas (4, 1.7%)

(Non réponses : 1)

 

5. Quel pourcentage des fichiers MP3 que vous possédez provient des réseaux "Peer-to-Peer" (Partage de fichiers de type KaZaA ou eMule) ?

_______ % (Moyenne : 62.97% ; Médiane : 80% ; Mode : 100% ; Minimum : 0% ; Maximum : 100% ; Ecart Type : 36.80)

 

6. Avez-vous déjà effectué des achats par Internet ?

Oui (197, 85.7%)

Non (33, 14.3%)

 

7. Si oui, ces achats concernaient-ils :

a) la commande de CD Audio?                   Oui (97, 42.2%)            Non (133, 57.8%)

b) le téléchargement de fichiers musicaux? Oui (7, 3.0%)                Non (223, 97.0%)

 

 

HABITUDES MUSICALES

8. Que représente la musique pour vous, sur une échelle de 1 (peu important) à 5 (très important) ?

   1 (2, 0.9%)               2  (15, 6.6%)          3  (36, 15.8%)        4 (78, 34.2%)         5 (97, 42.5%)

 

9. Vous préférez écouter de la musique depuis :

une chaîne Hi-Fi, platine de salon (101, 44.1%)

un ordinateur (92, 40.2%)

un baladeur (CD, K7, MP3…) (17, 7.4%)

un autoradio (11, 4.8%)

la radio FM (7, 3.1%)

autre (1, 0.4%)

(Non réponses : 1)

 

10. En moyenne, combien de fichiers audio MP3 téléchargez-vous par mois ?

_________ fichiers mp3 par mois (Moyenne : 52.79 ; Médiane : 20 ; Mode : 10 ; Minimum : 1 ; Maximum : 500 ; Ecart Type : 94.36)

 

11. En moyenne, combien de CD Audio achetez-vous sur une année ?

__________ CD audio achetés par an (Moyenne : 8.58 ; Médiane : 5 ; Mode : 0 ; Minimum : 0 ; Maximum : 50 ; Ecart Type : 11.37)

 

12. En moyenne, à combien de concerts assistez-vous par an ?

__________ concerts par an (Moyenne : 2.97 ; Médiane : 1 ; Mode : 0 ; Minimum : 0 ; Maximum : 50 )

 

13. Depuis que vous utilisez les fichiers MP3, le nombre de CD Audio que vous achetez a :

diminué fortement (49, 21.3%)

légèrement diminué (28, 12.2%)

aucun changement (98, 42.6%)

légèrement augmenté (34, 14.8%)

augmenté fortement (21, 9.1%)

 

 

PERCEPTION DE L'OFFRE

14. Pour chacune des 3 formules d'achat de musique en ligne présentées ci-dessous, veuillez indiquer votre degré d'intérêt, sur une échelle de 1 (pas du tout intéressant) à 5 (très intéressant):

a) Paiement au titre (Vous payez à l'unité les morceaux que vous téléchargez)

1  (85, 37.0%)    2 (40, 17.4%)   3 (27, 11.7%)    4 (56, 24.3%)    5 (22, 9.6%)

 

b) Abonnement mensuel (La somme que vous versez chaque mois vous permet de télécharger les titres que vous souhaitez)

                1 (67, 29.1%)    2 (27, 11.7%)    3 (46, 20.0%)    4 (45, 19.6%)    5 (45, 19.6%)

 

c) Commande d'album (Vous commandez en ligne et recevez le CD à domicile)

            1 (53, 23.0%)    2 (32, 13.9%)    3 (51, 22.2%)    4 (46, 20.0%)    5 (48, 20.9%)

 

15. Quel prix estimez-vous acceptable pour :

a) l'achat d'une chanson au format MP3 ? ____,____ euros

(Moyenne : 0,75 ; Médiane : 0,50 ; Mode : 0,50 ; Minimum : 0,10 ; Maximum : 3,00 ; Ecart Type : 0,5)

 

b) l’achat d’un album (CD avec boîtier et livret) ? ____,____ euros

(Moyenne : 11,17 ; Médiane : 10,00 ; Mode : 10,00 ; Minimum : 3,00 ; Maximum : 20,00 ; Ecart Type : 3.43)

 

 

16. Lorsque vous vous procurez de la musique au format MP3 sans en avoir préalablement payé les droits d'utilisation :

a) quel préjudice estimez-vous porter à l'industrie musicale?

Elevé (18, 7.8%)          

Moyen (50, 21.7%)

Faible (96, 41.8%)

Aucun préjudice (66, 28.7%)

 

b) à quel niveau estimez-vous le risque que vous prenez?

Elevé (6, 2.6%)

Moyen (63, 27.4%)

Faible (126, 54.8%)

Aucun risque (35, 15.2%)

 

17. Selon vous, la volonté de l'industrie du disque de répondre aux attentes des consommateurs est :

très satisfaisante (1, 0.4%)

satisfaisante (8, 3.5%)

insuffisante (22, 9.6%)

très insuffisante (62, 27.0%)

sans opinion (137, 59.5%)

 

18. Quelle image avez-vous des "majors" (grandes maisons de disques) ?

très positive (1, 0.4%)

positive (4, 1.7%)

ni négative ni positive (38, 16.6%)

négative (77, 33.5%)

très négative (110, 47.8%)

 

 

UTILISATION DU MP3

19. Quel est votre niveau de compétences dans le domaine informatique :

Débutant (2, 0.9%)

Intermédiaire (45, 19.6%)

Confirmé (108, 47.0%)

Expert (75, 32.5%)

 

20. Vous téléchargez principalement des fichiers MP3 pour (plusieurs réponses possibles) :

Découvrir de nouveaux artistes (182, 79.1%)

Pouvoir écouter un album avant de l'acheter (111, 48.3%)

Avoir accès à des titres introuvables dans le commerce (170, 73.9%)

Obtenir gratuitement de la musique (108, 47.0%)

Réaliser vos propres compilations (114, 49.6%)

Acquérir uniquement les titres qui vous plaisent (144, 62.6%)

Pouvoir stocker une plus grande quantité de musique sur un seul CD (80, 34.8%)

Utiliser des baladeurs MP3 (89, 38.7%)

Partager plus facilement votre musique (27, 11.7%)

Disposer d'une copie numérique des CD achetés dans le commerce (37, 16.1%)

Pouvoir écouter de la musique sur votre ordinateur sans avoir à manipuler les CD (155, 67.4%)

Marquer votre mécontentement envers les offres proposées dans le commerce (59, 25.7%)

Autres (16, 7.0%)

 

21. Avez-vous déjà encodé des plages de CD audio au format MP3 ?

Oui (205, 89.1%)

Non (25, 10.9%)

 

22. Si oui, ces documents étaient destinés principalement à :

un usage strictement personnel (181, 88.2%)

être distribués à des amis (20, 9.8%)

être distribués sur Internet (4, 2.0%)

 

23. Avez-vous déjà distribué des fichiers MP3 sur Internet ?

Oui (108, 47.0%)

Non (122, 53.0%)

 

24. Avez-vous déjà vendu ou échangé à profit des fichiers MP3 ?

Oui (3, 1.3%)

Non (221, 96.1%)

Ne souhaite pas répondre (6, 2.6%)

 

 

PROFIL SOCIO-DÉMOGRAPHIQUE

25. Quel est votre sexe ?

Homme (208, 90.4%)

Femme (22, 9.6%)

 

26. Dans quelle tranche d'âge vous situez-vous ?

9 ans et moins (0, 0.0%)

10 à 14 ans (3, 1.3%)

15 à 19 ans (55, 23.9%)

20 à 24 ans (111, 48.3%)

25 à 29 ans (44, 19.1%)

30 à 34 ans (11, 4.8%)

35 à 39 ans (5, 2.2%)

40 à 44 ans (1, 0.4%)

45 à 49 ans (0, 0.0%)

50 à 54 ans (0, 0.0%)

55 à 59 ans (0, 0.0%)

60 à 64 ans (0, 0.0%)

65 ans et plus (0, 0.0%)

 

27. Quelle est votre principale occupation ?

Etudiant(e) (134, 58.3%)

Employé(e) du secteur public (20, 8.7%)

Employé(e) du secteur privé (46, 20.0%)

Travailleur autonome (3, 1.3%)

Recherche d'emploi (23, 10.0%)

Retraité(e) (0, 0.0%)

Autre (4, 1.7%)

 

Veuillez indiquer votre pays : (France 205, 89.1% ; Belgique 9, 3.9% ; Suisse 9, 3.9%, Canada 2, 0.9% ; Royaume-Uni 2, 0.9% ; non réponses : 3, 1.3%)

Nous tenons à vous remercier d'avoir consacré de votre temps à notre enquête.

 

 

Résultats de l’étude sur www.emarket.online.fr

 

© 2004. Ce document ne peut être reproduit sans le consentement de son auteur.

 



[1]  Universal, Sony, BMG, Warner et EMI, parfois appelés « Big Five » en raison de leur domination sur le marché

[2]  En 1998, le seuil de rentabilité d’un premier album dans une major se situait autour de 50 000 disques vendus, contre 100 000 aujourd’hui.

[3]  Groupe international d’experts chargé depuis 1988 de définir des formats de codage pour la vidéo et le son

[4]  aussi appelés respectivement « encoder » et « ripper »

[5]  projet visant à créer des programmes disponibles gratuitement sur Internet, dans le but de promouvoir la programmation.

[6]  que l’on peut traduire par “de pair à pair” ou “d’égal à égal”

[7]  “I want my MP3 ! Creating a legal and practical scheme to combat copyright infringement on peer-to-peer Internet applications”

[8]  Palo Alto Research Center, 2000

[9]  “Charismatic Code, Social Norms, and the Emergence of  Cooperation on the File-Swapping Networks”. http://ssrn.com/abstract_id=329700

[10]  Square Strategy, chiffres repris par le Journal du Net.

[11]  Source : Médiamétrie

[12]  Fédération Internationale de l’Industrie Phonographique

[13]  Source : SNEP

[14]  Merrill Lynch “Music Industry : Can Majors Control Online Growth”, 9 novembre 2001.

[15]  Source : INSEE

[16]  Source : SNEP, 2003

[17]  Informa Media Group (septembre 2003), cité dans le Journal du Net

[18]  cité dans le Journal du Net, 2003

[19]  Pew Internet & American Life Project “Downloading Free Music : Internet music lovers don’t think it’s stealing”, 2000.

[20]  Felix Oberholzer et Koleman Strumpf, “The Effect of File-Sharing on Record Sales”, Mars 2004. http://www.unc.edu/~cigar/papers/FileSharing_March2004.pdf

[21]  Palisade Systems (2003), enquête réalisée à partir de 22 millions de requêtes. Chiffres cités dans le Journal du Net.

[22]  Cette classification est issue d’une analyse de contenu effectuée à partir de réactions observées dans différents forums de discussion et d’entretiens informels avec des utilisateurs de peer-to-peer, complétée par les résultats de l’enquête présentée plus loin dans ce mémoire.

[23]  Code de la Propriété Intellectuelle. http://legifrance.gouv.fr

[24]  Loi Lang de 1985

[25]  Communiqué de presse : www.culture.gouv.fr/culture/actualites/index-droitdauteur1103.htm

[26]  Langenderfer J., Lloyd Cook D. (2001), “Copyright policies and issues raised by A&M Records v. Napster : The short heard ‘round the world or not with a bang but a whimper?”

[27]  L’Expansion.com : « KaZaA légalisé par la justice des Pays-Bas ».

[28]  www.sdmi.org

[29]  Article « MP3, les verrous du SDMI crochetés par des scientifiques », paru dans ZDNet le 25 octobre 2000.

[30]  Société française de pressage de disques

[31]  « Le verrouillage de CD prend une veste au tribunal », paru dans Libération le 03 septembre 2003. 

[32]  www.gartnerg2.com

[33]  Des mouvements de boycott ont été lancés pour protester contre le verrouillage des CD, avec des sites Internet qui dressent la liste des CD équipés de ce type de protection. www.boycott-riaa.com

[34]  www.pro-music.org

[35]  www.musicunited.org

[36]  Syndicat National de l’Edition Phonographique

[37]  Pew Internet & American Life Project, “The impact of recording industry suits against music file swappers”, Janvier 2004.

[38]  Commission Européenne, 2002.

[39]  échantillon aléatoire de 3.500 personnes en Allemagne, Danemark, France et Italie.

[40]  Source : IFPI Online Music Report 2004

[41]  Informa Media Group (septembre 2003), cité dans le Journal du Net.

[42]  In-Stat/MDR, mai 2002, cité dans le Journal du Net

[43]  Recording Industry Association of America (syndicat américain de l’industrie musicale, équivalent du SNEP en France). www.riaa.com

[44]  Informations mises à jour en mai 2004, recueillies sur le site www.e-compil.fr

[45]  Directrice « Nouveaux médias » chez Universal Music France, propos recueillis par Raphaëlle Karayan dans une interview pour le Journal du Net, 04 novembre 2003.

[46]  Informations mises à jour en juin 2004, recueillies sur le site www.virginmega.fr

[47]  Article « VirginMega lance la nouvelle génération de plates-formes de vente en ligne », paru dans VNUnet le 18 mai 2004.

[48]  Informations mises à jour en mai 2004, recueillies sur le site www.vitaminic.fr

[49]  www.magnatune.com

[50]  http://creativecommons.org

[51]  Enquête sur les utilisateurs de documents audio au format MP3. http://mp3.vision-multimedia.qc.ca/mp3/index.html

[52]  D’après Netvalue (1er trimestre 2000), répartition par sexe des internautes consultant des fichiers audio/video : hommes 86.5%, femmes 13.5%.

[53]  Source : Médiamétrie

[54]  Source : AFA

[55]  d’après une étude menée en 2002 sur 5 grands marchés : USA, Canada, Australie, Japon, Allemagne. Sources : RIAA/Hart Research, CRIA Solutions Research Group, ARIA/Quantum Market Research, RIAJ, Gfk.